Je suis toute excitée depuis ce matin je figure en bonne place dans un magasin de prêt à porter. Mon cuir, couleur bistre, est souple. J’ai le privilège d’étreindre la taille d’un mannequin et de retenir sa paire de Denim. Le rideau de fer n’est pas encore levé mais j’entends une rumeur provenant de la rue, les clients se tiennent prêts, je tremble de tous mes trous, l’ardillon de ma boucle émet des clics et des clacs, j’ai le trac. Je veux me présenter sous mon meilleur cuir, je me gausse, je m’étire. Le rideau se relève et les clients matinaux sont déjà dans la place. On me tâte, on me touche, on me palpe, on me tire, on m’étire, on me malaxe. Un client me choisit, me jauge mais ne me pose pas sur ses hanches. La longueur et la souplesse semblent lui convenir, il m’enroule autour de sa main et se dirige vers les caisses.

   De retour chez lui, il poinçonne de nouveaux trous dans mon beau cuir moelleux, je suis intriguée, le gars n’a pas une taille de guêpe, les perforations existantes suffiront amplement à retenir son pantalon.

   Il me serre autour de son cou et je comprends mieux les trous supplémentaires. Il passe la corde de chanvre entre sa peau et la douceur bistre de mon cuir puis donne un grand coup de pied dans la chaise sur laquelle il était grimpé.

 

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