La vie… à plat ?
Vous n’imaginez pas la vie que je mène ! Vous me voyez tranquille, toujours bien installée sur un lit ou soigneusement pliée dans un placard. Vous me percevez plutôt lisse, parfois irritante, mais jamais volcanique. Toujours à la disposition de celui qui m’emploie. Vous me pensez passive, dépourvue d’intention, jamais à l’initiative.
Depuis que mon propriétaire m’utilise, ma vie n’est pourtant que surprises, montagnes russes émotionnelles, tempêtes à gogo.
Lorsque cet homme était petit, on me pliait, on me coinçait sur les bords du lit : j’étais une sécurité, une balise de la nuit, je lui évitais de basculer nez à terre – pieds en l’air. J’étais le gardien des nuits de chacun, le sommeil des plus jeunes altérant celui des plus grands.
Progressivement, je me fis compagne de jeu, mur de cabane, cachette à doudous, lieu de bouderie, antre de farces aux parents. Quand le petit homme manquait d’idées, je m’arrangeais toujours pour prendre la forme d’un dinosaure, d’un éléphant ou d’un kangourou. J’étais sa plus fidèle amie. Parfois même je me faisais chiffon, trimbalé d’un bout à l’autre de la maison, un coin bien mouillé sucé, installé entre ses dents bien serrées. Ou bien encore, j’ouvrais mes grands bras pour le consoler, quand le petit homme était chagriné.
Un jour c’est arrivé, il m’a roulée en boule, placée de côté. Il ne désirait pas me quitter, sans pour autant oser me montrer aux ados naissants. J’étais donc discrète, un peu triste, moins en joie. Je tentais toujours de trainer un peu, d’accrocher son pied, d’attirer l’attention. Les hormones étaient là, il était réchauffé, le petit homme transformé.
Ça n’a duré qu’un temps, il m’a vite retrouvée. Cachée dans sa valise, secrètement logée, je le suivais partout. Dans son appartement de grand, il m’a sortie enfin. Là, j’étais heureuse. Chaleureuse, je décorais sa vie. Témoin de ses premières amours, j’embellissais ses nuits. Je glissais sur sa peau, unissait les corps aimants, caressait les rêves d’enfants. Après l’amour, j’entourais de mes ailes de géants les joyeux amants. Que ce petit était homme, maintenant.
Vous voyez, les amis, ne vous fiez pas aux formes. Une couverture, ça trompe énormément !
Un texte enveloppant pour une couverture doudou. Bravo!
Merci à vous !
Une couverture qui raconte les choses de la vie, vraiment très agréable à lire, j ai beaucoup aimé . Merci pour ce partage et bienvenue parmi nous.
Merci pour votre accueil 🙂
Quelle est douillette et chaleureuse votre couverture ! félicitation pour vos lignes qui nous bercent
Sympathique cette couverture qui accompagne tout au long de la vie.
Bienvenue à vous !
Beaucoup d inspiration. Bravo !
Je crois que j’ai compris, en lisant votre texte, pourquoi le mot “couverture” est féminin ! Cette “intimité” que vous avez à la “chose couvrante” (et protectrice) est telle qu’on se demande à la fin : où est le réel ? Qui est “vivant”, de la couverture ou de ses utilisateurs ?
Bravo ! Vous avez littéralement “donné vie” à un objet !
Bienvenue parmi nous RosaLouve !