Le tricot
Sur un fauteuil paillé, assise au coin du feu,
Légèrement voûtée, sur un coussin moelleux,
La mère Eva tenait son tricot routinier,
Toute de noir vêtue, binocles au bout du nez,
Et lorgnait au carreau les voisins qui passaient,
Tandis que son vieux chat, à ses pieds, ronronnait.
Les aiguilles dansaient dans ses deux mains noueuses
Dans le calme et l’ennui, fin de vie oublieuse;
Cliquetis réguliers qui singeaient la pendule
Pour mesurer les heures avant le crépuscule.
Sur le calendrier, les jours étaient rayés,
Monotone douceur d’intemporalité.
La vieille somnolait après deux ou trois rangs,
L’ouvrage était prétexte pour passer le temps.
La soupe frémissait devant la cheminée ;
La vieille sera seule, à table, pour dîner.
Un poème comme un tricot de douce laine, des alexandrins comme des rangs réguliers de points bien choisis… merci
C’est un véritable tableau vivant. Cette vieille femme me semble très familière. 🙂
J’aime beaucoup cette douce somnolence rythmée par le mouvement lent des aiguilles. Ce temps n’est pas si lointain où il ne fallait jamais rester sans rien faire. Petit pincement au cœur avec le dernier vers.