Le chuintement du véhicule, lié aux frottements dans l’air, avait servi de berceuse à Irnmur ; elle s’était assoupie emmitouflée dans une douillette étole de fine laine blanche plus légère qu’une brume matinale. Bien sûr elle adorait voyager, cela faisait partie de son job, mais tout de même les plus de 420kms de son vol depuis Melbourne, à allure modérée et le nez au vent, avaient fini par l’endormir. Pour les longs trajets, ces petits cumulus de la compagnie Lehe, plutôt confortables mais peu performants en vitesse, étaient rarement choisis par ses consœurs ; souvent elles préféraient opter pour le Dragon d’Orient dont les lignes régulières et rapides offraient confort et sécurité. Irnmur aimait la poésie de l’aventure sur son moelleux nuage. Protégée d’un excès de rayonnement solaire par son chapeau magique, un modèle un peu désuet peu seyant mais fort efficace, elle prenait le temps de regarder le monde des hommes avec la hauteur nécessaire à une juste réflexion. Elle adorait contempler l’océan aux infinies nuances de bleu, de gris et de vert ponctué d’une dentelle d’écume blanche. Elle trouvait qu’il n’y avait meilleur endroit au monde pour penser l’avenir de la planète et la préservation de sa biodiversité.
Le Conseil des Légendes lui avait confié une mission qui l’emmenait au sud de l’Australie sur une île encore bien sauvage. En effet les ogres des contes étaient devenus une espèce en voie de disparition et il était urgent de leur trouver des remplaçants. Repéré ici et nulle part ailleurs, un marsupial carnivore n’avait pas bonne presse dans le monde des humains, on le disait très bruyant et particulièrement vorace. C’était peut-être le sujet idéal et déjà son nom, à lui seul, faisait trembler. La courageuse fée, munie de solides compétences dans l’art de converser avec les monstres, s’apprêtait à rencontrer le diable de Tasmanie.
Un véritable conte poétique et fantastique… Angelune vous êtes une magicienne 🙂
une petite merveille ! une suite ?
La suite, la suite, lac suite !!!
Merci pour ce joli conte