Madre Dios ! Pourquoi m’ont-ils fait ça ? Je ne voulais pas ça, moi, je voulais être un Roman. Avec un « R » bien rugueux, debout sur ses deux pattes. Un volume viril, c’était mon rêve. Avec une histoire bien compliquée et bien ficelée. Avec des parties et pleins de chapitres palpitants, captivants. Des mots, des phrases trippantes, flippantes, prenantes.
Pas un « recueil de poèmes » crème grand-mère, avec son mini « r » qui s’entend à peine et des petits vers qui se tortillent en couinant, naan. Le petit côté « ma-chère-tea-time », trop mièvre pour moi.
Je voulais du « R » puissant, du « Rhââaa » qui fait peur, qui tétanise ; du « ro » qui dégoûte et du « man », mon pote, qui épate. Du héros de polar, quoi. Un vrai. Tatoué sur la première de couverture, adulé sur la quatrième, avec un dos bien carré, bien cousu et solide ! Du costaud, quoi !
Et me v’là posé sur une étagère à côté d’une rose jaune pâle et d’un mouchoir de demoiselle énamourée en dentelles. Qué tristesse ! Elle en pleure, la jeunette, de tous ces mots tragiques. Faut dire, il y a de quoi être en larmes.
Et je le suis. Mais des larmes de rage. Je tape du pied ! Incompris. Je suis un incompris. J’ai demandé un « R » et ils m’ont servi un « r ». Défaut d’incarnation. Boulette divine. Ça me plaît pas du tout.
Et je pleure, et je sanglote, et je me tourmente, et j’en arrive – ironie du sort -, à incarner l’essence même des poèmes qui sont en moi malgré ma volonté…
J’adore !
Difficile de commenter un texte d’une telle originalité. Chapeau!
” prêt à aller bien plus loin que les mots.” vous disiez cela de moi, et vous donc, de cet
” r ” minuscule vous en faites un texte majuscule.
Grandiose.