Ma chérie,
Cette lettre juste pour te rassurer suite à notre conversation d’hier. Non, les saisons ne vont pas disparaître comme ça, d’un claquement de doigts, ni même jamais. N’écoute pas ce qu’ils te disent. Ils faisaient pareil il y quatre-vingts ans, ta grand-mère s’en inquiétait déjà, et pour quoi faire ? Pour te transmettre sa peur et que tu la répandes à ton tour ? On arrête ça, maintenant. Ça n’a que trop duré, cette vaste et terrifiante blague.
Regarde dehors, ma jolie, c’est le début du printemps. Tu vois bien. Mars, printemps. Le cycle éternel des saisons. Nos cycles. Nos petites morts et nos renaissances. Les bourgeons, demain les feuilles et les fleurs ; dans quelques semaines, les fruits. Tiens, et notre voisin laboureur, que crois-tu qu’il fasse ? Il prépare sa terre pour les semis. Pourquoi ? Eh bien, parce que l’hiver est passé par là.
N’écoute plus ce qu’ils te disent.
Ce sujet n’est pas anodin, tu sais. Les saisons ne disparaissent pas. Les saisons seront toujours là, sur la planète, parce qu’elles sont l’alternance dont la Vie a besoin pour se renouveler. Oui, la Vie a besoin de se renouveler. Comme nous, puisque nous sommes elle. Alors, si tu acceptes de croire à cette vieille et cruelle affirmation qu’un jour, il n’y aura plus de saisons, tu acceptes l’idée de freiner, voire de nier ta propre existence. Pas terrible.
Injouable. Invivable. Injuste.
Je voulais te l’écrire avant que tu n’ailles plus loin dans ces sombres pensées qui te découragent. La petite phrase qui flingue, l’air de rien : « Il n’y a plus de saisons. » Non. Imagine un instant que cette phrase n’ait jamais effleuré tes oreilles. Et regarde en dehors de toi. Regarde la lumière de ce mois de mars et dis-moi si c’est la même qu’en janvier. Non.
Dis-moi si elle te fait le même effet. Non. Dis-moi pourquoi tu as envie de sortir, de humer l’air et d’accueillir avril ? Dis-moi si l’atmosphère est la même qu’en février. Encore non. Elle est différente, avec une transparence nouvelle.
Tu vois que la lumière devient plus puissante de jour en jour. Comme tu peux le devenir si tu acceptes de tenir compte de ce que tu observes et ressens dans ton monde : le soleil est plus présent et la terre se réveille. Ne les crois plus. Sois attentive, capte et tires-en tes propres conclusions.
J’en suis sûre, les saisons resteront. Elles influenceront sans cesse nos vies, les traverseront en tornades ou en douces brises… Telles des chansons de monde, pour nous permettre de nous ressourcer et de nous déployer. Puises-y ta force et tes élans. Puises-y ta confiance et tes amours. Puises-y tes vagues de désir et tes inspirations quotidiennes.
Voilà pour ce printemps, ma belle. On en reparle en été si tu as encore des doutes. Mais il arrivera bien un moment où tu auras confiance…
Je t’embrasse de tout mon cœur de maman,
Très très difficile de commenter un tel texte, donc je ne m’y risquerai pas. Par contre, pour moi, autant il faut expliquer et enseigner la nature aux enfants, autant il faut les protéger (au tout début du moins) de ce monde anxiogène même si la triste réalité du climat est là. Après tout, c’est à nous d’assumer si nous les avons fait. Quel monde continuons-nous à construire pour eux?
Prenez le risque (qui n’en est pas un) de commenter. Au contraire, c’est l’occasion d’échanger. Smiley sourire.
Ce monde que nous continuons à construire pour eux, j’ai l’idéalisme de leur montrer le plus naturel et joyeux possible.
L’esentiel est dans l’instant et dans la capacité qu’il nous reste encore de nous y arrêter.
wéya, vous le dites d’une bien belle façon.