Dans une forêt de grands sapins, tout près de la Suisse et de l’Autriche, une jeune biche écervelée gambadait avec entrain. Tout était prétexte d’amusement…
Un rayon de soleil parvenait-il à traverser le bouclier d’épines des grands seigneurs? Elle essayait de l’attraper! Messire le Vent s’engouffrait-il pour fureter entre leurs troncs? Elle le suivait sans réfléchir…
Et c’est ainsi que la jeune folle se retrouva, au plus profond de la forêt, aux pieds du grand sapin président.
Intriguée par la pénombre et le silence qui régnaient là, elle fut d’abord enthousiasmée de s’être un peu égarée pour explorer ce nouveau monde. Mais quand vint l’heure du déjeuner, force lui fut de constater, qu’aux pieds de Sa Majesté… il n’y avait rien à manger!
Un sentiment étrange l’envahit alors, et quelque chose commençait à couler de ses yeux sur son nez, quand, sur la branche la plus basse du Président, à six mètres du sol quand même, le gardien du lieu se mit à hululer.
– Que fais-tu là, jeune étourdie? Ne sais-tu pas que seuls les sangliers dorment ici? Les réveiller ne serait pas si bonne idée…
– C’est que, Monsieur, je me suis égarée… Ne pourriez-vous m’aider, au lieu de me sermonner? Comment fait-on pour s’en retourner?
– Chaque chose, et chacun, a sa place dans la nature. Et c’est commettre forfaiture que de vouloir y déroger. Débrouille-toi, ça t’apprendra…
Oyant cela, le grand sapin président s’ébroua si violemment, que notre effronté de volatile s’en retrouva tout atterré, et l’aile froissée!
Dorénavant sans emploi, l’orgueilleux n’eut guère d’autre choix que de claudiquer jusqu’à la lisière des grands bois. Et notre biche écervelée, en le suivant, d’en profiter pour retrouver sa liberté!
Ce qu’elle apprit ce jour-là? Peut-être “qu’il n’est d’autorité qui ne puisse s’exercer sans solidarité”? Ou peut-être “qu’il n’est d’exploration sans le risque”? Ou peut-être encore…
Le saura-t-on jamais ?
Pas mal! En 14 minutes?
Heu…
joli