– J’aime qu’on me regarde. Et puis j’aime qu’on m’aime. Je me prends pour Vénus, dans son grand coquillage. Je suis à des années-lumière de la leçon du maître. Je joue avec mes boucles d’or. Je les fais danser en prenant mon regard de biche ; et puis je mate les garçons. Papa m’appelle sa petite reine et sa beauté. Cette année j’ai grandi, je veux être une star. Ça y est, les garçons me regardent. Vivement la récré.
– Elle commence à m’agacer cette pimbêche en socquettes ; et puis tous ces garçons qui lui font les yeux doux. Moi, Mars, caïd du quartier, je vous le dis, la guerre : c’est mon affaire !
En bon stratège, il convoque tous ses potes et leur explique son plan secret. Le maître fait sa classe. Les élèves bayent à la lune et le soleil joue au travers les stores. Tout est calme, un ange passe.
Soudain, la cloche tant attendue de la sortie se met a tinter. Et tous se mirent à courir. Mais !Horreur ! Toutes les culottes glissent sur le plancher. Les trous noirs avaient avalé tous les boutons, sans exception.
– Moi, Saturne, j’agrippe mon jean et cours aussi vite que je peux. Je suis gros et tout le monde se moque de moi. On m’a posé un anneau cosmique ; ah ! Non, pardon ! Un anneau gastrique. Je confonds avec la leçon ! Hier, à la récré, Titan n’arrêtait pas de tourner autour de moi et les filles de crier : « alors ? Ça tourne ? Saturne !