AlgoZimage du 15 juillet 2023

Boléro

Nos yeux s’étaient croisés lors de la présentation. Ah!, la présentation ! Ils étaient plus de quarante concurrents, à la fin il ne devait en rester qu’un ! Le public circulait entre les travées, évaluant les chances de leurs candidats pour parier ensuite. Elle n’avait pas dérogé à la règle, et avait évalué chaque candidat ! Et elle m’avait vu ! Ses narines avaient frémi, son corps s’était tendu. Moi aussi, j’avais remarqué cette femme. Une allure très au-dessus des autres, dans sa robe longue elle se déplaçait comme flottant au-dessus du sol, ses grands yeux se posant sur chacun de nous. Elle s’est attardée longtemps sur moi, plus longtemps que sur les autres. Elle avait remarqué la puissance de mes muscles, mon port altier, et immédiatement elle avait compris qu’elle et moi étions de la même race, celle des Seigneurs.
Pour elle j’ai vaincu tous mes adversaires. Plusieurs sont morts ou ont dû être abattus sur place, la plupart sont gravement blessés. Seul j’ai fait le tour de l’arène, défiant les spectateurs, mais appréciant leurs applaudissements. C’est alors qu’elle s’est levée, elle a glissé un mot à l’oreille d’un de ses serviteurs. Elle a descendu les escaliers, a disparu à ma vue un instant. Puis soudain je l’ai vu face à moi. Nous nous tenions chacun face à face à chaque extrémité de l’arène. Nous nous regardions, il y avait de la magie dans l’air, et un silence insoutenable. Puis une musique s’éleva, et elle commença à danser. Nous nous testions, l’un face à l’autre, anticipant les mouvements , nous nous attirions puis nous nos éloignions, au final nous nous rapprochions et c’était inévitable. Nous nous sommes frôler, de ses doigts fins et légers elle m’a caressé me faisant frissonner. J’ai enroulé son corps avec le mien, elle a senti mon souffle dans son cou, elle s’est allongée sur mon dos, et je l’ai porté un instant avant qu’elle se glisse à mon côté. Elle n’avait pas peur. Tout d’abord fasciner le public a suivi notre danse sans bruit, puis peu à peu des murmures se sont élevés, certains trouvaient cela indécent ! Pourtant, même si une attraction existait belle et bien, celle-ci n’avait rien de vulgaire, c’était la fusion de deux êtres d’exception, il ne faut pas peur des mots, ni des désirs ! Elle a tournoyé longtemps autour de moi. Puis à la fin a posé sa main sur ma nuque.
J’ai été emmené hors de l’arène. Elle vint me voir, donna des ordres. Depuis je suis dans une prairie, et je la voit chaque jour ! Qui a dit que Pasiphaé était tombée amoureuse d’un taureau blanc jaillit de la mer et né de la volonté de Poséïdon ! Ce ne fut qu’une légende inventée par son époux, pour justifier l’amour de son épouse pour moi. Je suis un taureau noir, comme les enfers, je porte des cornes en forme de lyre que ne renierait pas Hadès. Et lorsque le soleil se perd dans la mer, elle danse pour moi et je l’accompagne.