AlgoZimage du 7 juillet 2023

Nous sommes en 2102 dans le petit village de Le Tannos pour la fête du Soleil qui se déroule chaque année le 2 août en mémoire du Grand Chamboulement. 

Un soleil timide fait enfin son apparition, juste le temps des récoltes pour nourrir hommes et bêtes durant la longue période où tout est figé dans la glace.  

Tous les villageois boivent les paroles émises à travers le porte-voix de l’instituteur accompagné de son ours “Nac” (nouvel animal de compagnie). Seule, la tradition orale peut leur enseigner les temps anciens où les Le Tanniens vivaient dans la fournaise. Il ne
faut pas oublier les erreurs du passé.

L’homme raconte :

“Tout a commencé au vingtième siècle. Notre terre souffrait des besoins effrénés de l’homme qui se devait réagir. Il y allait de sa survie. 

En l’an 2023 de l’ère caniculaire, quelques balbutiements de tendance à la baisse de l’impact carbone se firent sentir, résultat d’une prise de conscience essentiellement individuelle : poubelles de tri, douches rapides, achat dans les boutiques seconde main, sept fruits et légumes, vegan, etc.. Contraintes dérisoire… Il fallait aller plus vite, il fallait taper plus fort.

En l’an 2030, le gouvernement prit enfin des mesures draconiennes :
– utilisation des véhicules strictement réservée pour le travail
– suppression de toutes les piscines. Eau distribuée équitablement
– coupures d’eau et d’électricité intempestives pour les récalcitrants
– activité seulement une fois par semaine pour les usines, entreprises et commerces

La courbe des température s’approchait de la normale acceptable, mais il fallait continuer.
Il y eut des grincements de dents parmi ceux qui gaspillaient sans vergogne. Quant aux classes populaires, elles n’étaient pas impactées par ces changements. Consommer peu, elles s’y connaissaient en la matière ! Ils en savaient quelque chose, à l’époque, les habitants de Le Tannos !

En l’an 2035, le processus s’accéléra. Ils ont appelé cette période le Grand Chamboulement, une sorte de retour aux valeurs premières :
– après interdiction de tout véhicule motorisé, défonçage du bitume
– suppression de toute surface bétonnée
– distribution, sous forme de bail emphytéotique, de 100m² par individu de ces terres ainsi libérées pour cultures potagères, basse-cour, farniente et jeux d’enfants : une aubaine pour les familles nombreuses défavorisées
– retour dans le domaine public de toutes les forêts pour cueillette, chasse, balades
– suppression de toute technologie : computer, téléphones portables, pour ne citer qu’eux
– Ainsi, toutes les usines, y compris celles de la mal-bouffe, devenues inutiles, furent définitivement fermées

Et la température baissait, baissait…

Et les sceptiques de naguère applaudissaient… tandis qu’un évènement inattendu se produisit…

Au matin du 2 août de l’an 2045 du Grand Chamboulement, tout était recouvert d’une couche de neige épaisse de plus de 5 mètres”. Les hommes mirent plus de 20 ans pour s’adapter à ces nouvelles conditions. Aucun météorologue de l’époque n’avait prévu tel bouleversement en une seule nuit !

La nature nous avait offert, cette fois, une seconde chance.

Et maintenant, laissons place à notre chorale qui doit vite reprendre la route avant le blizzard pour ne pas fatiguer les chiens de traîneaux.