AlgoZimage du 9 juillet 2023

Il y a quelques temps j’ai écrit Amour Toujours ! Le protagoniste perdait l”amour de sa vie, et s’embarquait pour les Antilles. Voilà son journal de bord

13 juin à bord du Dauphin en route pour les Antilles

Nous avons levé l’ancre au matin, depuis nous naviguons sur une mer calme, porté par un vent léger. Je pense toujours à vous, le rythme lent du Dauphin pourtant m’apporte un certain apaisement. Nous venons de dépasser le Mont-Saint-Michel. Je n’ai rien d’autre à faire, que de me remémorer nos souvenirs en regardant l’immensité bleue qui s’étale devant nous.

Ma douce, mon aimée, mon unique amour, je ne suis plus rien sans vous.

 Je pars donc ne voulant vous imposer la triste déchéance qui va être la mienne. Je pleure sur une histoire qui n’a pas pu avoir lieu, sur l’amour infini que je vous porte et que j’ai tu !

Je pars en emportant l’espoir qu’un jour je vous verrais venir à moi. Triste errements romantique de ma part, je suppose !

15 juin à bord du Dauphin

Nous naviguons toujours sur une mer d’huile, les voiles ont été affalées, il n’y a pas un souffle d’air. J’ai parfois l’impression de ne pouvoir respirer, est-ce votre absence à mes côtés ? Je supporte beaucoup mieux mon voyage sur cette immensité liquide que je ne l’aurais cru. Bien des passagers ayant ce que l’on nomme le mal de mer, je peux me promener à loisir sur le pont sans être dérangé.

Je vous aime, Cécile, du moins je le suppose! Si d’aventures vous avez quelques sentiments à mon égard, alors, pensez à moi de temps en temps, juste de fugaces moments, mon cœur le saura, tout comme je l’espère votre cœur sait que je pense et penserais toujours à vous. A moins que l’oubli ne me vienne !

18 Juin à bord du Dauphin

Je ne sais si c’est l’atmosphère ambiante, d’après le Capitaine nous devrions affronter une tempête. L’océan est devenu plus sombre, l’air plus lourd. Mes pensées dérivent toujours vers vous, plus exactement vers cet homme qui est maintenant votre époux. Et le temps semble s’accorder avec.

  Vous ai-je trop aimé ? Me suis-je fait quelque illusion en pensant que vous m’aimiez en retour ? Ai-je confondu admiration et amour ? Je ne sais que penser !

 21 juin à bord du Dauphin   

Nous avons essuyé hier une tempête, de faible importance. Les flots sont devenus aussi gris que le ciel plombé au-dessus de nous, j’ai eu l’impression d’être enveloppé dans une nasse grise dont je ne pourrais m’extirper. L’air est devenu lourd, le vent s’est déchaîné, la pluie est tombée en grosses gouttes drues. Le Capitaine nous a ordonné de rester dans nos cabines jusqu’à l’accalmie.

Est-ce un signe ? Etes-vous en colère contre moi ? A moins bien sûr que les éléments ne soient à l’image de mes pensées au sujet de votre époux. Je rêve souvent de duels improbables dont je suis le vainqueur, pistolets, sabres, et fleurets sont devenus les compagnons de mes nuits. J’en sors vainqueur, mais je ne vous vois pas tomber dans mes bras à l’issue de ces combats.

La mer est redevenue calme. Ma colère va-t-elle en faire de même ?

25 Juin à bord du Dauphin

Je regarde l’océan qui s’étale devant nous. Les flots bercent mon cœur et mon âme. Je n’entends que le bruit régulier des vagues qui heurtent la coque du vaisseau. Partout où mes yeux se posent je ne vois rien d’autre que cette immensité bleue qui me donne l’impression d’être plus fragile que je ne le suis. Je pense et repense à nous, à cette histoire qui ne sera pas. Les activités de l’équipage sont réduites, nous attendons tous un peu de vent pour avancer vers notre destination.

J’attends aussi un souffle d’air. Une brise légère qui emportera vers vous mes pensées. M’attendez-vous ? Avez-vous été curieuse de connaitre le motif de mon absence à votre mariage ? Ou bien … je n’ose penser que celle-ci vous fut indifférente.

30 juin à bord du Dauphin

Curieusement mettre des mots sur la souffrance qui est mienne est salvateur. Plus je vous écris, plus les souvenirs de vous me semblent différents. Vos sourires, et votre mine compatissants n’étaient-ce que moqueries de votre part ? Connaissiez-vous déjà votre futur époux, vous avait-il fait sa cour ? Je me perds en conjonctures, ma tristesse me fait prendre des chemins de traverse qui s’éloignent de mes sentiments pour vous. Votre visage et toute votre personne me paraissent tout à coup fort lisses. N’étiez-vous qu’une illusion d’un amour que j’aurais voulu parfait ?

Peu à peu les souvenirs de nos rencontres s’espacent. L’oubli me gagne-t-il ? Y-a-t-il quelque chose dans l’être humain qui nous donne cette faculté de remonter des abysses où le chagrin nous mène ? Je ne sais. Mais je n’arrive plus à me souvenir de la robe que vous portiez le jour de notre rencontre. Quelque chose de vous s’estompe, mon regard sur votre personne devient plus flou.

4 Juillet à bord du Dauphin.

Je ne sais si c’est le rythme lent des flots qui m’emportent vers ma destination, la routine qui s’installe dans ma vie à bord, ou autre chose, mais il me semble que mon âme s’apaise. Je deviens un peu plus sociable, j’ai même pris mes repas à la table du Capitaine, au lieu de me les faire porter dans ma cabine. La nourriture est bonne, et les conversations vont bon train aiguisées par le Porto et le Rhum de fort bonne qualité dont la cave de notre hôte regorge.

Il me semble que je me libère peu à peu. Il ne me semblait point être sous emprise à vos côtés. Ma vision toutefois se modifie, je regarde cette période de ma vie sous un aspect quelque peu différent. J’ai repris goût aux autres !

9 Juillet à bord du Dauphin.

J’ai lié connaissance avec certains des passagers. J’avoue goûter les conversations que nous avons. Parmi nous il y a un libraire qui compte bien installer une boutique, pour se faire il a chargé sur le Dauphin une vingtaine de caisses d’ouvrages. Nous avons aussi un botaniste qui souhaite ouvrir une sorte de graineterie, et pense pouvoir acclimater certaines plantes de chez nous et inversement. Bref, ces gens sont pleins de projets, tous passionnant.

 A leur contact je m’aperçois que le mien n’est autre que de vous fuir. Je crois qu’il serait important pour moi de me trouver une quelconque occupation, ne serait-ce que pour n’être point trop à la charge de mon frère.

15 Juillet à bord du Dauphin

Nous naviguons toujours sur une mer calme, et je prends de plus en plus de plaisir au contact de mes compagnons de voyage. Je commence à envisager un avenir sans vous, mais est-ce possible ?

Je m’aperçois toutefois que certaines choses s’estompent. J’ai du mal à me souvenir de vos tenues lors de nos rencontres. Des moments me paraissent plus flous, sans doute une illusion.

20 Juillet à bord du Dauphin

Nous avons entamé une partie de pêche hier avec mes compagnons de voyage. J’avoue avoir trouvé grand plaisir à cette activité, qui bien que fort peu fructueuse a été un divertissement bienvenu dans la morne lenteur de cette expédition.

Je prends goût à la vie en mer, peut-être vais-je me lancer dans le commerce maritime. D’après le capitaine, les Antilles ont besoin de tout, le vin n’y est pas produit, tout comme les cognac, et autres breuvages, les tissus n’ont pas la qualité que l’on trouve chez nous, et beaucoup de meubles, de vaisselle, et autres sont importés. Certes il y a également la traite des esclaves qui s’avère fort lucrative, mais à laquelle je ne toucherais point, tant cela me répugne. Je réfléchis encore à mon avenir en ce nouveau pays.

25 Juillet à bord du Dauphin

Je m’aperçois en feuilletant les pages étalées devant moi, que mes écrits s’éloignent. Je commence à parler plus de moi que de vous. Serait-ce un signe ?

30 Juillet à bord du Dauphin

Nous devrions arriver dans deux ou trois jours peut-être un peu plus. Il y a dans l’air ambiant comme une excitation, un peu la même que celle que ressent ma monture en vue de l’écurie je suppose. Nous guettons les signes émit par cette terre qui nous est inconnue, peut-être ai-je soif d’aventures, de découvertes ?

Mes pensées comme mes écrits se sont amenuisés au fil de cette traversée. Tout comme mes ressentiments.

6 Aout à bord du Dauphin

Nous devrions arrivée aujourd’hui. J’avoue avoir hâte de poser les pieds sur la terre ferme, de revoir mon frère et sa famille. Je pense prendre un peu de temps pour partir à la découverte de cette île qui va être ma nouvelle demeure, avant de m’installer peut-être définitivement. Cette terre est paraît-il charmante.

Je ne sais dans quelques années ce qu’il me restera de cette histoire. Sans doute en attendais-je trop ! Le temps fera son œuvre sur moi et mes souvenirs aussi bien que sur vous. Les heures s’égrainent, ma plume court sur le papier, j’ai posé mes souvenirs de vous. Je n’éprouve aucun regret pour ce que j’ai vécu.

 Peut-être est-il temps pour moi de vous oublier. A moins que ceci ne soit que le signe que vous m’avez déjà oublié !