Je suis celle qu’il n’a jamais postée.

La seule que jusqu’au point final il ait rédigée mais ensuite décidé de garder.

Par chance, et non comme mes multiples sœurs aînées, je n’ai pas terminé brûlée ou dans la corbeille à papier.

Ses mains tremblaient un peu tandis qu’il m’écrivait et de sa cigarette par alternance il tirait de longues bouffées.

Je peinais à lire dans ses pensées.

Elle?

Ses mains ne m’ont jamais effleurée mais je sais qu’elle existait et m’attendait. Je sais aussi que pendant des mois et des années, elle surveilla anxieusement son courrier puis cessa de m’espérer.

J’aurais tellement voulu la réconforter puisque c’était mon initiale destinée.

Au lieu de cela, après m’avoir longtemps sur son bureau fait patienter, au fond d’un coffret de bois il m’a remisée, parmi les lettres de son “aimée” qui de plus en plus se raréfiaient.

D’une enveloppe et d’un timbre coloré il ne m’avait même pas gratifiée.

Se souvient-il encore parfois de nous ou préfère-t-il nous écarter de son passé?

Qui donc alors viendra un jour nous délivrer?

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