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Lorsque Miss Weston emmena promener son chien Mopsy le jour se levait à peine sur  St Mary Mead, la pluie de la veille avait laissé de grandes flaques, et le brouillard nappait la petite ville si tranquille que son atmosphère feutrée.  Après avoir fermé  la porte de son cottage, elle prit le petit chemin qui serpentait entre d’étroits murets de pierre, son chien devant nez au vent, et se dirigea vers les collines en passant par le petit bois. C ‘était son trajet habituel du matin, d’abord parce qu’elle évitait le centre du village, et les éventuels commérages de Madame Frogmore, la femme du boucher 8 heures étant trop tôt pour ce type de bavardage, et  ensuite parce que passant à proximité de Belair Manor Sir George Barton  ne manquait pas de lui offrir une tasse de thé à l’aller comme au retour, il l’accompagnait même assez souvent en promenade avec son  greyhound  Wallace. .

Aussi Miss Weston avançait confiante sachant qu’un Darjeeling  allait bientôt l’accueillir. Sir George qui allait sur ses soixante ans était un ami de longue date, et  depuis qu’il avait perdu sa femme quelques années plus tôt elle avait pris l’habitude de le traîner avec elle, car  elle ne connaissait rien de mieux pour chasser  les idées noires qu’une bonne marche dans les collines, vous en revenez fourbu certes mais l’esprit plus léger. Elle croisa la femme du pasteur qui visiblement allait rendre visite à Miss  Harty , une vieille demoiselle, elles se saluèrent  d’un signe de tête et d’un  à tout à l’heure essoufflée. La femme du pasteur semblait déjà épuisée alors qu’il n’était pas 8H15. Décidément, pensa Miss Weston, le pasteur devrait arrêter de la faire cavaler dans tout St Mary pour porter des petits déjeuners et des plats aux paroissiens malades, il était temps de monter une équipe, elle en parlerait à la prochaine réunion paroissiale. 

Miss Weston arriva enfin en vue de Belair Manor, qui n’était jamais qu’un grand cottage qui s’affublait de l’épithète de Manor voulue par les précédents occupants qui estimaient que vu leur fortune, récente, ils ne pouvaient pas avoir autre chose qu’un manoir dans ce trou qu’était St Mary Mead. Sir George l’avait acquis ensuite, juste après le décès de sa femme, son manoir victorien situé à quelques kilomètres lui rappelait trop de souvenirs.

 Elle traversa la pelouse puis le jardin et comme à son habitude se présenta à la porte de la cuisine. Celle-ci avait un petit coin repas et Sir George avait l’habitude d’y déjeuner le matin, laissant ainsi la femme de ménage vaquer dans le reste de l’habitation. Celle-ci arrivait vers les neuf heures, environ quinze minutes après elle. Toutes deux se détestaient cordialement et s’évitaient autant que possible.  C’est alors que Mopsy manqua de la renverser en filant comme une flèche vers l’entrée principale en aboyant.

  • Ici Mopsy, au pied, s’époumona Miss Weston
  • Mopsy !

C’est alors qu’elle entendit son chien hurler à la mort, ce long hurlement qui glace le sang ! Arrivée quelques minutes derrière Mopsy , elle trouva Wallace dans une mare de sang.

  • Mon dieu, s’exclamât- elle

Elle se pencha au-dessus du chien, il n’y avait plus rien à faire. Soudain consciente que la maison était très silencieuse, elle se mit à chercher George, pensant qu’il était dans son bureau. Elle stoppa nette ses investigations, quelque chose clochait.  C’était justement ce silence, elle aurait dû entendre George, ou il aurait dû l’entendre. Miss Weston rappela Mopsy et sortit du manoir. Sitôt à l’extérieur, elle bénie l’inventeur de portable et appela le poste de police.

  • Police de St Mary Mead, je vous écoute, répondit une voix ensommeillée
  • Andy, c’est Miss Weston, dépêche-toi de te réveiller et viens immédiatement à Belair Manor, il s’est passé quelque chose de grave, je n’ai vu que le chien de Sir George, mais il baigne dans une mare de sang, et pas trace de George, ramène tes fesses en vitesse.
  • Où êtes-vous Miss Weston
  • A l’extérieur du manoir, vers le bosquet, je t’attends

A ce moment un cri retentit.

  • Zut ce doit être Mary, elle a dû trouver le chien ou Sir George, fais vite Andy

Elle raccrocha, se munie une pelle (on ne sait jamais)  et avança courageusement vers l’avant du bâtiment d’où le cri venait. Elle trouva Mary assise sur les marches du grand escalier, pleurant toutes les larmes de son corps.

  • Oh ! Miss Weston, c’est monsieur, il, il ,il est mort
  • Je viens de trouver le chien, mort lui aussi

Elle rappela aussi sec, le poste de police

  • Andy, c’est grave, Sir George est mort
  • Hou là, il faut que je prévienne le chef, c’est trop gros pour moi
  • Dépêche-toi, sacré bon sang, Andy, secoue-toi un peu !

Environ quinze minutes plus tard, Miss Weston entendit la sirène de police, et vit le véhicule conduit par Andy arrivé.

  • Je parie que tu as traversé tout St Mary sirènes hurlantes toi, l’accueillit Miss Weston
  • Ben oui
  • C’est ça, il y avait un embouteillage de moutons ?
  • Heu, non
  • Bon, allez Andy, il faut sécuriser la zone, tu as de la rubalise.
  • Heu, oui
  • Eh bien tu en mets tout autour du manoir, pour commencer, après tu appelles le garde- chasse, qu’il vienne fermer la propriété, on n’a pas besoin de curieux ici. Il ne laissera entrer que les véhicules de police.
  • Oui, bonne idée Miss Weston.

Miss Weston n’avait rien d’un enfant de cœur, fille de militaire, elle avait servie dans l’armée de sa Majesté comme assistante judiciaire, et menait des enquêtes avec son chef sur des faits reprochés à des soldats. Des morts elle en avait vu, et la procédure elle connaissait.

Pendant qu’Andy exécutait ses ordres, elle fit un rapide tour du propriétaire au prétexte d’aller chercher un cordial pour Mary et préparer du thé ; non sans avoir au préalable demander des gants et des couvre-chaussures à Andy Elle remarqua rapidement, à l’arrière de la maison,  les traces d’un véhicule à large empâtement et que la porte du cellier avait été forcée. Pour elle le chien avait surpris l’agresseur dans le hall, puis George alors qu’il sortait de son bureau.

L’inspecteur demandé par Andy à St Andrew, commune voisine de St Mary et disposant d’un bureau de police, arriva sur les lieux quelques minutes plus tard, en compagnie de la police scientifique.

  • Bonjour Andy ; alors qu’est-ce que nous avons?
  • Bonjour Chef, vous êtes à BelAir Manor, propriété de Sir George Barton, propriétaire terrien. Il a emménagé ici à la suite du décès de sa femme. Il vivait seul. Une femme de ménage venait tous les matins pour s’occuper de la maison et lui faire le repas de midi, le soir il déjeunait au pub avec des amis assez souvent.
  • Oui, oui, je sais tout ça.
  • Miss Weston venait le chercher très souvent, ils promenaient leurs chiens ensemble. C’est elle qui a trouvé le chien dans l’entrée principal, et c’est Mary la femme de ménage qui a trouvé Sir George ;
  • Qui est cette Miss Weston ?
  • c’est la fille du Colonel Weston, elle aussi était dans l’armée comme enquêtrice auprès de la MP chef, pas commode, je vous préviens, mais elle connaît son affaire.
  • Oui, ben on verra ça, je n’ai pas l’habitude de me faire enquiquiner par des émules de Miss Marple. Et l’autre ?
  • C’est Mary, elle est au service de Sir George depuis 4-5 ans maintenant, rien à signaler. Elle mène une vie normale à St Mary, sans histoire. J’ai pris leurs dépositions.
  • Donnez ! Amenez les moi au poste toutes les deux. Si cela se trouve elles étaient de mèche pour l’assassiner. Faites les mariner un peu, chacune dans une pièce, sans contact, comme d’hab !
  • Elles vont pas aimer, Chef !
  • Et alors, je ne suis pas là pour qu’on m’aime, j’ai un cadavre sur les bras moi !
  • Non deux, vous oubliez le chien, dit une voix féminine
  • Et vous êtes ?
  • Miss Weston, enfin, Lieutenant-Colonel Weston, si vous préférez. Police Militaire de Sa Majesté, en retraite, certes, mais je n’ai pas perdu la main.
  • D’accord, d’accord Miss Marple, on verra ça.
  • Si j’étais vous, je me pencherais sur les cambriolages qui ont eu lieu il y a trois semaines, lors de la fête des laboureurs, je ne sais pas mais je pense qu’il y a quelque chose en commun avec ce meurtre ;
  • c’est ça, c’est ça, la Miss Marple-Weston elle va m’attendre bien gentiment au commissariat, Andy va se faire un plaisir de vous emmener.

Les deux femmes montèrent dans la voiture d’Andy. Et une fois hors de vue :

  • Andy mon petit, tu vas me chercher les rapports sur les cambriolages. Je veux savoir ce qui a été volé, chez qui, et d’où les objets provenaient. Ferguson est un imbécile il ne verrait pas un éléphant s’il l’avait sous le nez. Moi je suis sûr qu’il y a en lien. Et puis renseigne-toi que les anciens propriétaires. On n’achète pas un cottage, dans un bled comme ils disaient, pour à peine le rénover et le revendre un peu plus d’un an près.
  • C’est que, Miss, je risque ma place,
  • Mais non tu vas prendre du galon, Andy, je te le dis.

Arrivé au poste, Andy suivit les instructions de son chef, et en profita pour suivre aussi celles de Miss Weston. Pendant qu’il feuilletait les différents rapports, il se dit qu’après tout elle n’avait peut-être pas tort.

Miss Weston  lui ayant mis la puce à l’oreille, Andy téléphona à un de ses amis. Sam et lui avaient fait l’école de police ensemble, mais Sam  avait préféré le service informatique au terrain, mine de rien il pouvait tout savoir sur tout !

  • Sam, c’est Andy
  • Salut mon vieux, alors toujours dans ta campagne !
  • Oui, mais figure-toi que je vais peut-être pouvoir en sortir, si tu me donnes un coup de main.
  • Dis-moi ce que je peux faire pour toi
  • Eh bien, j’aimerais savoir tout ce que tu as sur les Andson, Jeffrey et Paulina. 40-45 ans. Apparemment travaillant dans la City,  je crois que c’est du bluff. J’ai une photo prise par le journal local, je te l’envoi.  Et aussi sur deux antiquaires William  Osboune, et Fred Wilfred. Il y eu plusieurs cambriolages et certaines pièces provenaient de chez eux, et toutes les personnes volées ont eu droit à leurs visites
  • Ok je t’envoie un mail dès que j’ai les infos, passe à Londres un de ces jours, on se fera une virée
  • Pas de problème, et si je résous l’affaire c’est moi qui invite
  • Waouh je m’y mets tout de suite, salut vieux ;

Andy alla trouver Miss Weston ensuite

  • Voilà les copies des rapports sur les vols. J’ai demandé à un ami des renseignements sur les Andson, et sur les antiquaires.
  • Bien, Andy, continuez comme cela et vous damerez le pion à Ferguson
  • Je vais voir l’agent immobilier qui a vendu à Sir George le manoir pour essayer d’en savoir plus.  Je vous tiens au courant.

Andy traversa la place centrale de St  Mary, l’agence immobilière se trouvait juste dans l’axe du commissariat de police, et passait devant le pub. Il fut interpellé par le barman

  • Alors Andy, qu’est-ce qui se passe au «  Manoir » ?
  • Peux rien vous dire, il faut attendre !
  • Même à nous
  • Surtout à vous

Andy rentra dans l’agence immobilière, seule Millie était présente. Craig son patron comme d’habitude n’était pas là.

  • Salut Millie, comment vas-tu
  • Ça va Andy, qu’est-ce qui t’amène, j’ai entendu qu’il y avait des cadavres au Manoir ;
  • Oui Sir George et son chien, morts tous les deux, tués par balles
  • Mince ;
  • Millie as-tu des informations sur les anciens propriétaires les Andson. Enfin je prends tout ce que tu as ;
  • Je te cherche le dossier, sers-toi un café

Quelques minutes plus tard, Millie réapparue une chemise cartonnée entre les mains.

  • C’est curieux ça, lors de la visite pour la mise en vente, le manoir était déjà vide, même que Craig a trouvé ça bizarre et l’a noté, et pour qu’il note quelque chose lui ! Et l’argent de la vente a été versé à un compte en ligne, mais le nom du titulaire est MacOleg.
  • Tu peux me faire une copie de tout ce que tu as.
  • Oui, je reviens.

Andy en profita pour essayer d’inviter Millie au restaurant en échange, mais comme d’habitude elle refusa.

De retour au commissariat, Andy rappela son ami

  • Sam, c’est Andy
  • Justement j’allais t’appeler, drôle d’individus tes Andson. Lui c’est fait coincé à Londres pour détournement de cartes bancaires, mais elle, elle est toujours en fuite. Et ils ne s’appellent pas Andson mais MacOleg ;
  • C’est pour cela que je t’appelais, c’est le nom qu’ils avaient donné pour le virement à l’agence immobilière lors de la vente du manoir,
  • Et pour tes deux antiquaires on les soupçonne depuis pas mal de temps. Apparemment ils volent des objets précieux dans des musées ou des galeries, ils les placent chez des particuliers, le temps que les choses se calment puis des gens à eux vont les rechercher. Jolie combine, bien menée pour l’instant on n’a pas de preuve pour les coincer, ils ont toujours des alibis en béton.
  • Eh bien je crois que ce coup si c’est raté. Sir George n’a pas dû se laisser faire, et il a été tué, cette fois il y a meurtre.

Andy retourna au poste de police et fournit à Miss Weston les informations qu’il avait obtenu.

  • Andy, il faudrait retrouver le camion. Si la scientifique a pu déterminer le type, demandez aux gens du coin, à vous ils parleront.

Après quelques coups de téléphone, et une virée au pub, Andy appris qu’un camion inconnu dans le coin avait été  vu près de la ferme Meadworth, ce qui était étonnant vu que c’était une ruine. Andy informa les gens du village de ses idées, eux contents de tromper Ferguson, furent d’accord pour aider Andy. Ils établirent des tours de garde sur la colline juste en face de la ferm, si quelque chose se passait ils en informaient Andy sur son portable personnel, hors de question de donner une information à son chef. Puis tout le monde vaqua à ses occupations.

Ferguson arriva au poste de police. Dis à Andy de relâcher ses « Dames » et lui dit qu’il partait en week-end avec sa femme au bord de la mer, il avait réservé et ce n’était pas un petit meurtre à la campagne qui allait l’empêcher de prendre du bon temps. Andy acquiesça trop heureux d’avoir les coudées franches. Ferguson partit saluant Andy d’un à Lundi peut-être sonore .

Ce fut vers une heure du matin dans la nuit de samedi à dimanche qu’Andy fut appelé.

  • Andy c’est Pat , il y a du mouvement avec le camion, il faudrait venir

Andy eut un moment d’hésitation, puis téléphona à Miss Weston.

  • Miss Weston, il y a du mouvement à la ferme Meadworth, à votre avis je préviens mes collègues
  • Oui Andy, dites leurs de la jouer discrète, prétextez un trafic de drogue, ils viendront, pour des antiquités il ne faut pas rêver.

A une heure et demie du matin tout le monde était en place autour de la ferme. Cinq individus étaient en train de remplir un camion. Les policiers se rapprochèrent silencieusement. Puis d’un coup les projecteurs furent allumés

  • Police de St Mary Mead, rendez-vous vous êtes cernés

Quelques coups de feu furent échangés, mais les forces de police prirent rapidement le dessus, et ils amenèrent  quatre hommes et une femme en pleine lumière, auprès d’ Andy

  • Madame Andson, Monsieur Osboune, et Monsieur Wilfred quelle joie de vous revoir. Pouvez-vous me dire ce que vous faites dans le coin ?  Un peu de rangement sans doute, suite à votre passage chez Sir George.

Aucun des cinq individus ne répondit. Toutefois Andy remarqua que l’un d’eux, un jeune homme d’une vingtaine d’années à peine commençait à ne pas en mener large.

  • Je présume que ce n’est pas vous qui avez tué Wallace le chien de Sir George
  • Vous n’avez rien d’autre à faire que d’enquêter sur les meurtres de chien, dit madame Andson
  • C’est que voyez-vous, il n’y a pas que le chien qui est mort, Sir George aussi et avec la même arme

Le jeune homme commença à paniquer sérieusement.

  • Attendez, pour le chien passe encore, mais tuer le bonhomme non! Moi je n’ai rien fait inspecteur, c’est eux, ils voulaient voler un tableau qu’ils avaient maquillé et vendu à Sir George. J’y suis pour rien moi, je conduis le camion c’est tout.
  • Emmenez- moi tout le monde au poste, dit Andy fier de lui.

Quelques jours plus tard dans le journal de St Andrew, Andy figurait en photo avec Miss Weston. Ils avaient démantelé un important trafic d’antiquités et d’œuvres d’art volées dans des musées ou des galeries, maquillées puis vendues à des particuliers ayant un peu d’argent si possible à la campagne. Les Andson se chargeaient de rechercher les villages possibles pour ce type d’activités. Au bout de quelques mois des cambriolages se produisaient, les œuvres volées étaient récupérées , nettoyées et remises sur le marché parallèle. Sir George qui aurait dû être à son club de bridge ce soir-là n’y avait pas été, son partenaire étant souffrant. Mauvais endroit  mauvais moment. Et Andy pu enfin inviter Millie

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