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Pol était fier de sa maison, douillette, proprette, où il faisait bon vivre à l’abri du monde et de ses dangers. C’est avec ses mains et l’aide de ses amis auto-constructeurs qu’il l’avait bâtie, patiemment, consciencieusement en suivant les préconisations des Castors, bâtisseurs chevronnés. En citoyen responsable de son impact environnemental, Il l’avait voulue ‘de paille’ mais solide, pas comme celle des trois petits cochons. Il avait eu raison car la tempête Larisa avait enflé, soufflé, secoué les arbres et cassé les branches, le bouillonnement destructeur était passé sans lui faire de mal, la demeure était toujours debout et il s’y sentait bien.

Mia était fascinée par les grandes qualités de son Pol, si doué en toutes choses et qui lui avait bâti une bien jolie maison. Mais Mia avait des phobies qui lui gâchaient la vie. Elle ne supportait pas les bêtes pleines de pattes, ni celles qui n’en avaient pas. Alors elle avait construit deux barrières olfactives autour de sa maison. Elle lessivait régulièrement le carrelage extérieur avec de l’eau de Javel, sûre de faire fuir les vipères présentes dans les fourrés environnants. Quant à l’intérieur, elle passait régulièrement des solutions vinaigrées sur les fenêtres, sûre encore de décourager toute tarentule, sa terreur personnelle, d’y rentrer. Rassurée par ses stratagèmes, Mia prenait plaisir à concocter de bons petits plats dont l’odeur se répandait alentour par la porte-fenêtre grande ouverte.

L’odorat si sensible de Lou était agréablement titillé par les effluves gourmandes de fruits et d’épices qui s’échappaient de la cuisine voisine. Elle avait faim, son repas ne lui avait pas été servi comme d’habitude. Alors elle décida d’aller se servir toute seule.

Quand Pol vit sa femme sortir dans le jardin en hurlant, il ne comprit pas que les mécanismes odorants défensifs n’aient pas fonctionné. Serpent ou araignée, devant quoi courait-elle donc ? C’est en s’approchant qu’il vit enfin le jeune éléphant, un peu à l’étroit dans la petite cuisine, dévorant le succulent dessert encore tiède, tandis que le cornac du cirque voisin s’époumonait aux alentours : « Lou, où es-tu ? ».

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