Au fil de l’eau @Angelune

Oscar visait les prix littéraires de la rentrée, pas moins. Pour le Nobel il pensait à juste titre qu’il lui faudrait sans doute étayer un peu sa production littéraire. Mais un petit Goncourt ça se tente, se disait-il et faisant sienne une célèbre devise cinématographique il ajoutait “sur un malentendu je peux conclure !”.
En sportif quasi professionnel de l’écriture il avait mis au point un programme d’entraînement ajusté à son rythme et basé sur la méthode développée par un Géo Trouvetou Algomusien*.
Tout juste réveillé, aspergé d’eau froide afin d’avoir les yeux bien ouverts, sa première occupation consistait à lire très rapidement les algodéfis du jour, sa grande mémoire en conservait un maximum en zone de travail et sa rapidité de lecture induisait déjà un brassage des concepts utile au processus. La phase d’infusion était couplée à celle de son sachet de thé-vert-menthe-intense dans son bol breton, quatre minutes suffisaient bien pour l’une comme pour l’autre. Sitôt à son bureau la production commençait : avec une vitesse de frappe stupéfiante Oscar déversait alors sur son clavier des torrents verbeux dans le flot desquels scintillait de temps à autre, comme une truite dans l’eau vive, quelque algobjet ou algorare bien senti. Il fermait les vannes au bout de vingt minutes ainsi que préconisé sur le site craignant l’inondation s’il se laissait aller sans contrôle. Enfin venait la récolte, comme un orpailleur il passait alors au crible le lac apaisé de son effusion et y relevait délicatement, comme autant de pépites précieuses, tournures originales, expressions imagées inédites et saillies humoristiques de bon aloi. Sa collecte dument consignée il pouvait alors vivre sa journée, heureux de sa pêche matinale.

* voir Bingo ! @Angelune