Je m’ouvre au monde ! A la splendeur du paysage… Et j’observe intensément, intensé- nuit, nuit, nuit.

Je m’ouvre au monde. Pourvu qu’il passe. Je l’attends comme à chaque fois. Il n’est pas là ? J’attends, j’attends ! Nuit, nuit, nuit, nuit.

Je m’ouvre au monde, je regarde intensément et il est là, mon poisson-lune, magnifique, dans sa voile galbée de toréador irradiant mon fond marin, mon rocher résidentiel. Mes yeux s’engorgent de lui, s’engorgent de- nuit, nuit, nuit…

Je suis née moule et passe mon temps à m’ouvrir puis me fermer, ne captant l’extérieur que par intermittence. Je m’ouvre, je me ferme. Et à chaque interstice, je guette celui que j’aime, qui me fascine et que j’indiffère. Mon poisson-lune, ma dose.

Un jour, il m’a frôlée et a fait tomber dans ma coquille bée, un petit grain de sable. Je l’ai enrobé lentement et ouverture après ouverture, mon poisson-lune a vu s’arrondir cette perle dont il est, sans le savoir, le père qui ne me versera pour pension que le plaisir aléatoire de passer sans même savoir que je l’attends.

Je m’ouvre au monde. Je me ferme. Souffrant en silence de ma dépendance et chérissant en ma coquille notre perle secrète.

Autour de moi, sur ce rocher qui abrite notre poisson-lune, en grappe nous vibrons toutes au passage de ce satellite. Je le sais, car quand enfin il se profile, je ressens l’onde de notre grappe.

Poisson-lune ne le sait pas, mais, à nous toutes, il porte un collier qui se ternit à chaque fois qu’il s’éclipse.

Et pour calmer notre dépendance, notre souffrance, heureusement, parfois passe un poisson-clown…

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