Bleu, rouge ou vert, ourlés de blanc, les chalutiers se balançaient mollement au gré du clapotis de cette fin d’après midi. La lumière était idéale comme presque toujours ici et la grosse chaleur cet après-midi de juin avait suffisamment décliné pour que l’air ne tremble plus. Jérôme avait installé son chevalet au plus près de l’eau, composant devant lui le décor qu’il souhaitait pour son ouvrage. Le Port de Saint-Jean-de-Luz miroitait au soleil, la Rhune posait en majesté au lointain, quelques oiseaux de mer en vol ponctuaient le bleu du ciel de notes blanches ou beiges. L’artiste s’abîma dans la contemplation du tableau vivant qui s’offrait à lui. Rien ne le pressait, il adorait respirer l’atmosphère de ces lieux chargés de vie et d’histoire. Fermant les yeux, il en percevait mieux encore les parfums marins et iodés. Les terrasses des cafés environnants et la petite criée aux poissons composaient une symphonie sonore bienvenue dans ce cadre.
Tout à coup la jeune fille, mandatée par l’office de tourisme pour poser pour lui, fut là. Il ne l’avait pas entendue arriver tant son pas était léger. Nul doute qu’elle serait une superbe égérie de ce beau Pays Basque : Longue et svelte, portant une jupe relevée en basquine et sur sa hanche un panier à poissons plein de petits merlus de ligne. Mais par dessus tout les deux yeux d’émeraude frangés de longs cils dans un visage constellé d’éphélides comme un semis doré lui annoncèrent que ses nuits seraient pour toujours étoilées.

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