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Je me nomme voilette et je suis noire, car je ne peux être que noire. J’ajoute du mystère. Je dévoile en voilant. J’ajoute de la pudeur, ou de l’érotisme, tout dépend de la femme et de ce qu’elle veut.

Attention, surtout ne vous méprenez pas. Je ne suis pas là pour masquer, pour cacher, ce que l’on juge comme « indécent » pour ne pas dire plus. D’autres s’en chargent, et je ne les aime guère. Ils rabaissent la femme, moi je suis là pour la sublimer. Notre emploi  pas le même, et le leur va à l’encontre de ce que je suis. Je suis la féminité, je suis la touche de fantasme, je voile à peine, juste pour laisser deviner. Et n’est-ce pas de la sensualité que de laisser deviner ?

Avez-vous déjà remarqué ce geste doux qui s’accompagne d’un regard qui s’abaisse, pour mieux se révéler ensuite. La main qui m’effleure délicatement, qui me remonte sur le chapeau ou sur les cheveux. L’espace d’un instant cette main va cacher le visage, d’abord le menton, les lèvres, les yeux, le front, comme un effeuillage. Il y a de la sensualité dans le geste.

Avez-vous observé le regard de l’homme qui essaye de deviner vos pensées cachées par la fine étoffe, son regard lorsqu’il suit votre main me relevant, ou lorsque c’est lui qui me soulève. J’en ai fait frissonner plus d’un, croyez-moi. Dans cette permissivité accordée, il y a parfois quelques promesses que je préfère taire.

Par contre lorsqu’on me rabaisse, c’est toujours plus rapide : rideau, on ferme ! C’est fini, il n’y a plus rien à dire.  J’impose la distanciation, je suis entre elle et le monde, elle et les autres. Petite barrière de tulle de quelques centimètres, je crée plus d’espace qu’il n’y paraît,  elle rentre dans sa bulle. Une bulle où elle a l’impression de voir sans être vu.

Je masque aussi un regard triste ou fatigué, des pleurs, c’est ainsi. La vie n’est pas toujours rose me direz-vous. Et puis la femme qui me choisit le fait toujours en fonction de son humeur, je suis plus ou moins transparente, c’est son choix de montrer plus ou moins d’elle, ou de regarder les choses avec plus ou moins de clarté, de couleurs.

Je peux me parer de brillants, de broderies, de petits pois ! Ne dissimuler que le haut du visage, ou le visage tout entier. Je ne suis qu’un accessoire qui a quelque peu disparu. On me ressort de temps en temps pour des films d’époques. Parfois on me trouve du charme. Dans certain cas on me ressort, mais c’est plus souvent lors de grandes occasions, mariages, enterrements, surtout les enterrements hélas ! Certaines ont essayé de relancer la mode, ma mode, mais je reste incomprise et peu usitée en ce monde. Aujourd’hui la femme passe plus de temps à dévoiler qu’à voiler son regard.

 Et pourtant si les femmes savaient tout ce que nous sommes capables de faire, moi et mes quelques centimètres !

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