Après m’être parée des plus jolies images et des plus jolis mots à l’occasion d’un anniversaire, d’une naissance, d’un mariage ou de la nouvelle année, je fais sourire quelques minutes, témoin d’une gratitude souvent sincère et parfois feinte. Mais soyons honnête, dans le pire scénario, assez radical je dois le dire, je suis directement jetée aux ordures et dans le meilleur des cas je suis aimantée sur la porte froide d’un frigo, perdue entre une liste de course chiffonnée, un coupon de réduction et une facture d’eau (toujours impayée soit dit en passant). Plus personne ne me voit et je sais que tôt ou tard je finirai quand même à la poubelle.
Que reste-t-il de moi le lendemain de la fête? Ais-je vraiment une quelconque utilité dans le temps? Ne suis je pas juste un objet de convention sociale et cordiale?
Car peu importe la façon dont j’ai été créée, que je sois imprimée dans une usine en Chine ou coloriée sur le coin d’un bureau d’enfant, au final tout le monde m’oublie.
Heureusement, il arrive dans de rares cas que l’on me dépose dans un livre où je sers de marque page quelques temps, permettant à la magie de mes vœux de faire son petit effet à chaque chapitre lu. Ou alors, je réapparais des années plus tard au fond d’un carton poussiéreux entourée de vieilles photos. J’adore entendre le petit soupir nostalgique de la personne qui me reprend dans ses mains, voire, encore mieux, me pose sur son cœur les yeux humides.
Il y a une chose que tout le monde oublie vraiment, c’est que mes vœux sont éternels et que je suis juste une sorte de rappel.
J’aime beaucoup, c’est plein de fraiche sensibilité, très évocateur et très juste.