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Assis depuis une heure, il regardait les aiguilles tourner. Il n’aurait su dire si elles tournaient trop vite ou trop lentement. Au loin, il entendait des bruits bien connus. Le parquet qui grince à chaque déplacement. Les voix qui crient pour se faire entendre. Il lui suffit de fermer les yeux à ce moment-là pour se retrouver dans un autre temps, dans un autre espace. S’il n’est pas maître de son temps, il est maître de ses pensées et choisi de se laisser emporter au cœur de la fête donnée dans ce fort avec les jongleurs et les joueurs de flûte. Il déambule parmi les invités, descend quelques marches, pour se trouver face à ces barreaux. Une ombre est assise. Elle se tourne les pouces lentement. Très lentement. Au moment où il choisit de passer son chemin, il sent un regard se poser sur lui. La détresse remplit tout l’espace entre lui et elle. À chaque coup de marteau qui résonne entre les murs, elle sursaute. Elle est tellement belle. Dans un autre temps, jamais elle n’aurait porté son regard sur lui ; le prolétaire, l’homme de rien. Mais là… Il comprend alors que l’échafaud que les ouvriers finissent d’installer lui est destiné. Elle attend son heure en comptant les secondes. Comment est-il possible d’entendre les gens danser d’un côté pendant que la mort est attendue ici ? Des applaudissements retentissent. Il est temps d’y aller. Il ne peut plus reculer. C’est vraiment l’heure. Alors il ouvre les yeux. Il respire profondément, pour revenir ici et maintenant dans sa vie d’aujourd’hui. Il se lève, passe la main sur son costume pour en retirer les plis et d’un pas majestueux, entre sur scène. Ce soir, c’est la dernière !

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