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Cher Journal,
 Nous sommes, il me semble, le 17 février 2121, et voilà près de cent ans que je n’ai pas noircie tes pages. Je t’ai retrouvé dans les décombres de cette vieille maison que j’ai construite avec Paul, cette maison que je ne reconnais plus. Tu étais caché dans une malle où mes arrières petits-enfants ont regroupé les derniers souvenirs de cette famille. J’ai mis bien des mois à retrouver ta trace. J’ai pris le temps de relire chaque mot de chaque page qui te constitue, en redécouvrant des sentiments qu’aujourd’hui, je ne ressens plus. Je me plaignais de cette vie que je trouvais dur et insupportable en 2021, avec cette Covid 19 et les décisions gouvernementales qui ne plaisaient pas à certains. Je les verrais bien, ceux-là, dans ce monde actuel. Ils se rendraient compte de la chance que nous avions de vivre dans un monde qui paraissait sûr.
Lorsque j’ai pris la décision, ce 26 août 2021, de participer à l’expérience scientifique de cryogénisation, je ne pensais pas rester aussi longtemps dans un bloc de glace. Ils avaient promis que cela ne durerait pas plus de cinq ans, et pourtant, j’y suis resté 95 de plus. Je me retrouve à présent dans un monde que je peine à reconnaître. Quelle est loin l’époque où nous pouvions faire la fête, lire dans des parcs, ou simplement se retrouver au bord d’un dîner avec la personne que nous aimons. Pour les jeunes de cette époque, voilà bien des années qu’ils n’ont pas vu l’ombre d’un repas correct, je ne suis même pas sûr qu’ils sachent ce que cela signifie. Ce bon vieux réchauffement climatique à tout détruit. Il ne reste plus rien. Juste ces êtres humains et leurs technologies débiles qui, comme je l’avais déjà dit, n’est d’aucune utilité dans cette situation plus que désastreuse. Il fait chaud. Tellement chaud.
Voilà près de six mois que je suis réveillés, que je supporte cette atmosphère apocalyptique. Je te mentirais si au début la journaliste qui sommeil en moi n’a pas pris cela comme une aventure, mais à présent, c’est un véritable calvaire. En plus de cette chaleur étouffante, la fonte des glaciers a fait ressurgir d’anciennes maladies que les médecins ne peuvent soigner. Ceux qui n’en meurent pas, finissent de toutes façons par mourir de faim ou de soif. Cette situation est dure, tellement dure. Le peu de dirigeants de pays encore en place, disent chercher des solutions, mais je n’ai plus d’espoir. Je sais que nous sommes foutus.
Si tu savais tout ce que je donnerais pour revenir à mon époque et retrouver mon emploi à la BBC, retrouver mon tendre et bel amour Paul qui me manque terriblement, et mes enfants. Leurs absences créées un trou béant dans ma poitrine. Je veux simplement retrouver ma vie, celle où les gens vivaient réellement et ne se contentaient pas de survivre.
Aujourd’hui, j’écris ces pages pour témoigner du chaos dans lequel le monde s’est plongé. Ces pages qui seront les dernières, et témoigneront du passage de l’Homme sur la Terre.
C’est la fin, Cher Journal.

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