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Quand le maître rentrait dans l’atelier, tout le monde se taisait. Chacun encore plus concentré sur la tâche qui lui avait été confiée. J’étais le seul à avoir le droit de m’exprimer. Le froissement de mon papier. Oh je vous entends déjà penser « du papier, quel matériau inintéressant ». Mais détrompez-vous ! Je ne suis pas n’importe quel papier. Si vous aviez pu effleurer la finesse de ma texture ; contempler la délicatesse de mes bordures. J’étais un chef d’œuvre à moi tout seul. D’ailleurs, c’est simple, on me prenait avec des pincettes. Ne pas me froisser était la règle d’or. Me préserver était un impératif. Les gestes, les attentions dont je bénéficiais m’étaient enviés. Il faut dire qu’on m’avait cherché depuis des lustres. Si, si. Je vous le garanti ! Dans un parchemin, mon nom avait été évoqué de façon suffisamment appuyée pour éveiller la curiosité d’un créateur. Il s’est alors attribué la mission de me retrouver. Il a réussi. Par quel miracle, je ne le sais. Peut-être l’ai-je appelé ? Toujours est-il que je suis aujourd’hui, le patron. C’est moi qui donne les contours, les formes, la ligne à suivre du travail de chacun. J’entends le maître donner ses dernières directives « C’est bon, vous pouvez retirer le patron, la robe, comme nous, n’avons plus besoin de lui. » Je pensais être la patron mais à la triste réalité est que je ne suis qu’un patron de robe d’une reine déchue.

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