En ce mois de mars, tous les partisans du député sortant Pierre Vignot sont à pied d’œuvre : la campagne électorale s’annonce serrée avec les nouveaux venus en politique. Chaque réunion devient un combat. Le responsable de cabinet est souvent pris à partie par des adversaires perfides. Depuis trois mandats, l’homme public s’est fait une place de choix au sein de son groupe parlementaire. Grâce à des propositions judicieuses argumentées pour défendre sa circonscription, il bénéficie de nombreux soutiens financiers « aux frais de la princesse » comme scandent ses ennemis. Pierre Vignot n’abuse pas de ces privilèges : il met à disposition de ses proches collaborateurs toute la logistique dont ils ont besoin pour accomplir leur tâche.
En cette fin de mois, Patrick, le chargé de communication, est en proie à des idées noires. Après une propagande bien orchestrée, le stress le gagne et déteint sur ses collègues. Ce dernier a dernièrement changé radicalement la rédaction des discours à venir. Les rumeurs au sein de l’équipe de campagne s’amplifient : serait-il devenu un usurpateur à la solde d’un autre parti ? Après concertation et enquête internes, il s’avère que Patrick est juste épuisé par tant d’investissement personnel et doit se faire remplacer jusqu’à la fin de la campagne.
Demain dimanche c’est le grand jour : les électeurs vont glisser leur bulletin dans l’urne. La pression au sein du parti atteint son paroxysme. Pierre Vignot, homme d’un naturel placide, devient dubitatif quant à son élection au premier tour comme les sondages annoncent. Les débats animés virulents auxquels il a été confronté durant un mois l’ont affligé. Il pense aux revendications absurdes et contradictoires avancées à l’encontre de ses propositions avant-gardistes. Comme à son habitude, son esprit est en ébullition : il doit réussir ! Ses projets et dossiers en cours doivent aboutir. Les concitoyens doivent le sentir impliqué sans restriction dans sa tâche de député et particulièrement dans l’affaire de l Hygummacaro.
Dix-huit heures : Fermeture des bureaux de vote de la circonscription. Les élus locaux procèdent au dépouillement des bulletins. La tension monte parmi les militants.
Vingt heures dix le verdict :
Pierre Vignot est élu . Enfin. L’étape suivante va pouvoir commencer.
Les dossiers brûlants (réchauffement climatique, pénurie d’eau, crise économique, surconsommation, violence, nucléaire, course aux armements) vont être avancés et gérés par ses adjoints sous la direction de son attaché parlementaire efficace.
De son côté, ravi de son idée novatrice, le député veut organiser des rencontres avec les responsables sportifs de la région pour faire découvrir l’Hygummacaro. Chère à son cœur depuis une dizaine d’années, cette activité sportive originale permettra d’interpeller les jeunes désœuvrés de sa commune. L’homme va proposer aux délinquants des quartiers défavorisés de s’inscrire à la discipline. Attaché par une corde à un gros hygummachi de vingt mètres de haut, le Tepha balance son corps énergiquement et lance un Colorncol sur le sommet de l’hygummachi posé au loin à cinquante mètres de distance. L’entrainement du Tepha suppose une bonne forme physique, une précision dans le geste et une réflexion fine pour atteindre le but sans tomber (sens de l’équilibre, évaluation de ses propres capacités physiques, composer avec les éléments extérieurs tels que le vent, la chaleur, le froid, gérer le stress).
Aux yeux de Pierre Vignot, ce challenge canalisera l’agressivité croissante au sein des bandes rivales de plus en plus violentes envers les citoyens. L’Hygummacaro ouvrira l’opportunité à ces jeunes en situation précaire de prouver leurs compétences, de s’ouvrir positivement à un autre avenir et de prévenir les problèmes sociaux croissants dans sa commune !
performance réussie ! pour l’Hygummacaro … je laisse les jeunes