Chasse à courre @melanie

L’homme, confortablement installé à son bureau, trempe sa plume dans l’encrier, en se gaudissant encore de la journée qu’il venait de passer. Son écriture court sur le papier

Ma très chère amie,

Comme je vous l’avais promis, je vais vous narrer par le menu cette partie de chasse à courre auquel je me devais d’assister, malgré mon aversion pour ces pratiques, eut égard à mes affaires et pour ne point porter ombrage à ma notoriété. Fréquenter les diverses activités et mondanités du marquis des lieux est indispensable pour conserver place au soleil.

Nous partîmes au lever du jour et une place, en bordure de ruisseau, très écartée du gros de la troupe, me fut affectée. Au bout d’environ une heure, je vis passer, de l’autre côté de la rive, un chevreuil affolé, la meute de chiens pugnaces à ses trousses.

En milieu de matinée, dans un calme absolu, je décidai de me réconforter avec ma petite collation à l’ombre de la futaie et le murmure du ruisseau quand, soudain, je vis le chevreuil revenir sur sa trace. Son hourvari allait perdre les chiens. Pour parfaire sa ruse, il traversa la rivière à quelques mètres de mon embuscade, assuré de s’être dégagé d’un danger pouvant aller jusqu’au trépas.

Peu après, la meute arriva, les chiens reniflant pour la deuxième fois la piste, tout ébahis. pantois et marris, et moi de m’ébaubir … en me promettant de ne rien dire qui pût modifier la stratégie de la chasse et mettre à nouveau en danger l’animal.
Une heure après, la sonnerie annonçant la fin de la chasse résonna, à mon grand soulagement.
Le hallali ne résonna point, et pour les chiens, point de curée !

Ce soir, le chevreuil peut se remettre de ses émotions et mes affaires continuer à prospérer !
Vous conviendrez, chère amie, que cette journée tant redoutée fut des plus réussie.

N’oubliez pas notre sortie jeudi en quinze. Je me réjouis de savourer avec vous ce concert de musique baroque donné en notre belle cathédrale.

Dans l’attente, recevez ma plus sincère amitié.

Claude