Quel brouhaha dans la salle d’attente de mon ergothérapeute. C’est à celui qui racontera dans le détail sa pathologie.
La reine des abeilles ne veut plus que de l’édulcorant, elle exige une taille de guêpe. Le cobra a cassé sa monture de lunettes. L’araignée en a assez de faire peur. Le ver de terre a envie de prendre l’air. La mouche tsé-tsé ne réussit plus à endormir ses victimes. La grosse mouche bleue ne veut plus de son vilain surnom. La punaise renouvelle son ordonnance de déodorant. Le crapaud veut devenir un prince (là, personne ne commente, il va y avoir du travail!). Le cafard a le vague à l’âme. Le rat a perdu sa libido. La cigale a perdu sa voix. La coccinelle a perdu la foi. Etc. Etc.
J’entame la conversation avec ma voisine :
– et vous, la iule, pourquoi votre présence en ce lieu si bruyant ?
– je viens pour apprendre à coordonner mes mouvements ; lorsque je veux faire un virage, mes mille-pattes s’emmêlent et je tourneboule ; c’est très ennuyeux. J’ai également quelques rhumatismes et l’on ne me soigne qu’une seule paire de pattes à la fois, je suis donc une habituée du cabinet, et vous-même ?
– oh vous savez, nous les crabes, c’est génétique. Cette démarche de travers nous vaut mille moqueries. Je viens pour tenter une nouvelle méthode. Je vous suggère d’en parler au thérapeute.
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Bravo Mélanie ! Belle réponse à l’algoscopage. Et comme si souvent dans tes textes : quel humour ! C’est vraiment “décrispant”, et pourtant si plein d’ironie cachée qui nous fait réfléchir (un peu) sur le dérisoire de nos “mauvais” penchants…
Merci à toi. C’est très encourageant.
Très drôle. Et triste. J’y lis, de mon côté, la turpitude de l’espèce humaine. Tu as su la rendre.
Pour éviter tout malentendu : “humaine”, je ne le suis plus depuis longtemps.
Trop mignon. C’est comme chez mon esthéticienne en somme. Bravo @melanie chaine !