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C’est mon grand-père qui me raconte :

” Dans un recoin des dédales de la vieille ville se cachait sa boutique. Elle y avait grandi entre ses parents et ne l’avait jamais quittée. C’était le rendez-vous des artistes sans le sou. On ne trouvait ni la fameuse pile de magazines insipides ni les lotions dernier cri.

Madame Henriette était coiffeuse pour hommes, comme ses grands parents et ses parents l’avaient été. Elle opérait à l’ancienne, au sabre et au blaireau et finissait avec une serviette gorgée de vapeur chaude parfumée à la verveine pour calmer le feu du rasoir, doux luxe d’un instant pour tous ces écorchés de la vie.

Le salon était toujours plein. La coiffure et le rasage étaient un prétexte. Peintres, poètes, écrivains, paroliers, se retrouvaient là pour échanger entre eux pendant des heures. Ils partageaient leurs nouvelles créations. Tous les jours, un petit homme timide, effacé et docile venait se nourrir de leurs belles phrases. La « communauté » l’avait accepté exceptionnellement. Passer le seuil de la boutique de Madame Henriette était un privilège et l’on savait fort bien décourager, avec des réflexions désobligeantes, celui qui déplaisait. 

Les débats étaient quelquefois houleux quand l’art faisait place à l’actualité …

Madame Henriette savait avec douceur calmer les ardeurs tandis qu’elle disciplinait ces chevelures un peu négligées. Puis elle cessait son travail pour servir une boisson chaude et se mêler à leur conversation. C’était leur lumière, leur inspiratrice à tous. Ils oubliaient souvent de la régler, mais ce n’était pas important pour elle. Elle aimait tant ces échanges pleins de richesse “.

” Ne cherche plus cette boutique, il y a longtemps qu’elle n’existe plus, et c’est bien dommage ! “.

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