Comme tout ce qui lui advint de bon au cours de sa vie, cet événement que je vais vous conter, n’était pour lui qu’une preuve de plus que son existence était un long fleuve tranquille et généreux.
L’homme était né dans un pays aride et le soleil cognait trop souvent pour que s’épanouissent l’herbe et les plantes nourricières. Il avait fait son balluchon avec beaucoup de soin, avait traversé les déserts et les forêts, les rivières et les mers où à chaque fois une main tendue l’avait aidé à franchir l’espace nouveau qui s’ouvrait devant lui. Il avait posé ses maigres ressources chez un paysan breton qui l’avait accueilli comme un fils prodigue. Ils avaient, main dans la main, travaillé dur pour adapter de nouveaux légumes au terroir breton. Il avait de son pays ramené un oignon de narlis qu’il avait bichonné, arrosé, surveillé et lorsqu’un jour la jolie plante aux fleurs mauves avait grandi et essaimé, il savoura sa réussite. Avec la complicité de son père de substitution et ses encouragements, il se lança dans la culture à grande échelle du narlis. La vente de ce légume audacieux et inclassable surprit les habitués du marché local. Sa couleur orange vif striée de noir, sa forme de trompette de jazz éclairait le petit matin. On ne voyait qu’eux et les clients furent de plus en plus nombreux à se précipiter à son étal où ils trouvèrent des recettes de gratins, de tartes, de salades pour varier les plaisirs que procuraient l’intensité gustative du narlis Son goût légèrement acide et sucré convenait autant aux enfants qu’aux personnes âgées.
En mars 2014, après la récolte exceptionnelle de l’année précédente, il reçut des mains du président de la république le prix de l’innovation au salon de l’agriculture à Paris. Ce fut la consécration et la célébrité pour son légume phare.
Je ne connais pas cet oignon “narlis” mais pour les pissaladières, ce doit être le top.
J’ai hâte de gouter au futur gratin que vous allez nous cuisiner avec le légume phare…
Coloré et délicieux 😉