Ces yeux, entre le bleu et le gris, entre la franchise et la réserve, quand je les rencontre, je baisse les miens d’instinct…
Et si je trouve une pièce à terre, je la ramasse pour lui donner : qu’il aille boire à ma santé ! on dira que je suis un brave homme…
Les yeux de cet homme-là sont couleur de la mer du nord, bleue quand elle avance et grise quand elle se retient, bleus quand il est brave et gris quand il doute. Ne s’accordent-ils pas à sa parole directe et forte et pleine de colère parfois, et d’autres fois à son silence -ou presque- à ses maugréements inaudibles ? Oui ses yeux parlent mieux que sa bouche. Ai-je peur de ce qu’ils peuvent révéler? Baissons les yeux pudiquement, sans réfléchir, de peur d’être embarqué dans sa folie, le risque est grand de m’y noyer ! déployons mes écoutilles : ses accents avinés me défendront de la farce d’un monde que je préfère ignorer…
Les yeux sont les fenêtres de l’âme, je le sais bien, et dans les siens je ne verrais qu’étonnement puéril et naïve honnêteté ?… Ah que le diable emporte le poivrot ! qui met mon équilibre en danger avec ses yeux bleus et gris bien plus qu’avec ses mots.
Et les poings dans les poches je passe mon chemin.
Très beau texte. Court, précis, rien de superflu, mais dense en émotion.
Beau texte sur une rencontre, sur la profondeur d’un regard .
Très beau texte, bienvenue sur algomuse et bravo