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Au collège de Puyssanfond régnait Dame Claire, au nom si bien trouvé. Elle n’aimait que l’ordre, le vrai, celui où toute chose trouve sa place, où les piles ne s’affaissent pas, où les lits sont au carré !

Dame Claire régnait, femme de ménage de son état, rien ne lui échappait. Le moindre verre devait être transparent, le moindre carreau devait s’effacer devant le paysage, bien que celui-ci ne reflétât qu’une cour pavée, morne, dépourvue de toute verdure.

Un téméraire lassé de cet excès de zèle entrepris de saborder le travail de Dame Claire. Il se résolut à mener un combat dans lequel il entraîna quelques sots de sa connaissance. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire les piles furent renversées, les lits défais,  et moult reliefs de repas jonchaient le sol.

Loin d’être contrariée, Dame Claire, ne pipa mot, et demanda au proviseur la tenue d’une assemblée des élèves. Face au désordre régnant ce lui fut accordé sans autre forme de procès.

Lorsqu’elle parue dans la grande salle, les élèves furent médusés. Dame Claire était toute de blanc vêtue et portait de longs gants blancs eux aussi. Sur un geste d’elle le rideau dissimulant l’arrière de la salle fut ouvert. Il dévoila un amoncellement de seaux, balais, pelles, brosses, et savons. Puis elle prit la parole :

«  Je ne m’attarderais point sur vos actes, jeunes gens. Sachez toutefois que puisque vous portez la responsabilité de ce chaos, il vous appartient d’y mettre bon ordre. Vous trouverez ici de quoi réparer vos méfaits. J’ajoute que vous ne serez délivré de cette corvée, que si mon passage  ne laisse aucune trace sur ma tenue, ni sur mes gants. Maintenant,  veuillez-vous ranger en file indienne afin que les instruments de la leçon de ce jour et des suivants puissent vous être distribués. »

Le ménage dura plusieurs jours, durant lesquels les élèves exténués n’avaient même plus la force de se rendre à la taverne du coin. Ils sombraient sur leur lit en habit. Dame Claire à la moindre trace sur sa tenue ou sur ses gants faisait tout recommencer depuis le début. Au bout d’une semaine le collège était plus propre qu’un sou neuf ! Certes  les élèves étaient quelque peu hagards, et se traînaient lamentablement dans les couloirs. Le dimanche soir les collégiens furent de nouveau réunis. Dame Claire reprit la parole :

«  Voyez-vous jeunes gens, cette semaine, vous avez appris deux grandes leçons, la première est qu’il est important de respecter le travail d’autrui. La seconde et que tout emploi dispose de connaissances précises et que sa science, en tout état, est un grand capital qu’il ne faut dilapider faute de perdre son temps ou son argent voire les deux. »

De ce jour l’ordre régna au collège de Puyssanfond.  Une pelouse agrémentée de parterres de fleurs vit même le jour. Quant à Dame Claire elle revêtait parfois sa blanche tenue, histoire de faire peur !

 

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