La tête penchée sur le côté, comme pour déchiffrer un éventuel code barre qui pendrait  sur l’oreille de l’animal, la poule s’agace:

– Tu viens d’où?

– D’Indes.. pourquoi? 

– Parce que des cochons j’en ai connus, mais des comme toi, jamais!

Le volatile donnait des coups de bec acérés sur le petit animal qui lui faisait face, pour le forcer à  se mouvoir et mieux en observer les caractéristiques…

– Le cochon est animal gros, sale et de mauvais caractère. Quant à La D’inde, c’est un gallinacé  qui tout comme moi, a deux pattes et deux ailes! Il est donc évident  que tu te joues de moi!   Cela ne me plait pas! Qui que tu sois, tu ne me plais pas!

Le cochon d’Inde qui jusqu’alors trottinait dans l’espace qui lui était alloué, stoppe sa course et fixe l’oiseau de ses deux petits yeux noirs agacés:

– Je ne suis ni gros, ni sale? La belle affaire! 
Tu apprendras belle emplumée, que j’ai au moins du cochon,  le mauvais caractère!
Et puis, quoi? Chez nous les poulets sont « tikkas » et pourtant je ne remets pas en cause ton identité juste sur le fait que tu sois destinée au pot ou  à la broche!

La différence se niche dans les détails et si mes détails sont conséquents et disproportionnés, eu égard à ma petite taille, il est inutile pour autant de chercher à m’en faire prendre conscience  plus que de nécessaire.

Je suis tel que je suis et je viens d’où je viens. 
A cela ton étroitesse  d’esprit ne changera rien!

 En boule, sous la table de jardin, le hérisson,  écoute sans bouger. 
Il compte les points et attend l’accalmie avant de décamper.

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