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Je suis réalisée en bois de micocoulier, l’arbre aux feuilles d’orties, sans doute un présage ! Mon bois est à la fois souple et solide. Toutefois l’artisan qui me fabriqua, trouva que je manquais légèrement d’équilibre, ce qui ne convenait pas à une maison comme la sienne, et me déposa dans une corbeille portant l’intitulé « second choix ». C’est sans doute ce qui influa sur ma destinée.

J’aurais dû me méfier lorsqu’il pénétra dans la boutique. Tout d’abord il commanda un harnachement complet et une selle d’apparat pour le cheval dont il venait de faire l’acquisition, et à l’entendre une bête superbe. Alors qu’il s’apprêtait à partir, c’est là qu’il me vit.

Il se pencha et me pris en main, se redressant il me manipula, faisant cingler l’air, et vérifiant le son de ma claquette. Il semblait satisfait, et arborait un sourire en coin, et un regard entre le pervers, la gourmandise, l’amusement, je ne saurais dire. Il demanda ce qui me valait d’être de «  second choix », le vendeur l’informa de mon léger manque d’équilibre. Il répondit que cela n’avait pas d’importance, que c’était pour une dame. Le vendeur lui répondit qu’en tant qu’élément décoratif, si la dame montait en amazone, cela n’aurait  que peu d’influence. Il répondit, en étranglant un rire, «  c’est cela elle monte en amazone ! ». Je fus donc empaquetée, et enrubannée. Je m’attendais donc à caresser la croupe de quelque hongre, ou jument fort docile, maniée d’une main experte par une dame de qualité.

Il arriva chez ma future propriétaire. J’entendis simplement «  mais il m’a amené un cadeau,! Donnez-moi cela , correctement,  voyons si cela me convient, à genoux, allons vite, obéissez ! « 

Elle ouvrit le paquet, je me trouvais dans un salon de belle facture et au riche mobilier, et c’est là que je l’a vis. Elle portait un loup noir lui masquant la moitié du visage, se lèvres étaient écarlates. Elle me prit  dans sa main gantée de cuir noir, un gant montant jusqu’à l’épaule. Elle sembla savourer le présent. Je fus toutefois surprise de la voir vêtue d’un corset de cuir dévoilant largement sa poitrine, d’une culotte fort courte la moulant comme une seconde peau, et de cuir noir également, des bas noirs retenus par une jarretière écarlate, et des escarpins de cuir rouge aux talons hauts complétaient la tenue. Puis sans un mot elle cingla le torse de l’homme se trouvant en face d’elle. Je vous passe les détails de cette visite et de celles qui suivirent. Mais sachez qu’il n’y avait aucun hongre, parfois quelques juments mais rarement ! Je fouettais plus de torses, de dos, de fesses, de cuisses que si j’avais été dans une école de dressage pour la voltige. Mais ici la voltige fut d’un autre style. J’avoue toutefois, que lorsqu’un des “dominés” prononçait le mot ” divine” et que j’étais entre les mains de ma propriétaire, ou quand grâce à moi ils atteignaient ce qu’ils nommaient ” la divine extase” , j’en pris quelques satisfactions et m’en attribuaient les mérites. Après tout il n’y a pas de mal à se faire du bien ! et cela plaisait à mon égo.

Quelques jours après mon arrivée j’appris que la femme qui me manipulait était une noble dame, faisant pour une clientèle choisie œuvre de dominatrice ! Elle y excellait, cet emploi lui avait été transmis par sa mère, elle-même de grand talent qui lui avait appris tous les tenants et aboutissants de son emploi. Plus tard, la dame me confia à sa fille. C’est ainsi que je fis partie de la famille en quelque sorte. La Dame et sa descendance avaient une solide réputation, je me retrouvais après de nombreuses années de dur labeur, dans une vitrine au Musée de la Prostitution. Aujourd’hui on me contemple, avec un je-ne-sais-quoi dans le regard, mêlant la curiosité, la désapprobation, le rire, l’étonnement, peut-être la tentation! Bref j’intrigue encore à mon âge !

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