Ce n’est que tard le soir, quand les enfants dorment, quand les tic-tacs de l’horloge comtoise commencent à régner sur le silence, qu’elle se met au travail. ‘travail’ est un drôle de mot pour l’écriture. Il s’agit d’une nécessité depuis sa plus tendre enfance.
Elle entre à pas feutrés dans la bibliothèque pour ne pas perturber la magie du lieu. Ses livres préférés l’enveloppent et la guident. Il plane une odeur d’encre et de papier. Elle s’installe, prend le stylo que lui avait offert son père. L’informatique ne l’a jamais attirée. Elle aime la sensation de son stylo préféré qui court sur le papier et l’entraîne dans le monde qu’elle crée.
La tête légèrement penchée, elle rêve et le rêve se transforme en mots, doucement, dans le silence troublé par le crissement de la plume. Les heures délicieuses défilent mais pour elle le temps n’existe plus. Elle se glisse, telle une voleuse parmi ses personnages. Elle leur montre le chemin, les façonne. C’est sa deuxième vie, celle où tout est permis. Elle met son rôle d’épouse et de mère entre parenthèses. Elle se sent libre.
Il faudra la pâle lueur du jour courant sur les jalousies pour qu’elle prenne conscience de la réalité.
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Joli texte tout empli de sensations qu’éprouvent, à mon avis, de nombreux amoureux-euses de l’écriture…
Tout à fait d’accord avec le commentaire de Guillaume
Très jolie description d’une atmosphère et de la magie de l’écriture !