Elle s’ouvre et se ferme à travers les saisons.
Plop. Plop. Une goutte d’eau, puis deux, viennent s’échouer sur un pan de métal froid.
– “Rah … Hé ! Les branches du dessus, là-haut ! Vous n’en avez pas assez de secouer vos gouttes sur moi ?” pensa-t-elle.
Accolée à un vieux chêne, elle attendait là, comme tous les jours. Inlassablement. Comme elle en voyait des choses. Du matin jusqu’au soir, elle ne pouvait qu’observer, fondue dans le décor. Personne ne lui prêtait vraiment grand intérêt, ou alors quelques journées, de temps en temps. On daignait enfin lui porter intérêt, quelques secondes tout au plus. Ceci ne la dérangeait pas vraiment, elle avait l’âme solitaire. Il faut dire qu’on la voyait à peine, tapie, discrète, derrière.
Pourtant, depuis quelques temps, elle en avait marre. L’hiver fût particulièrement rude et à chaque fois qu’elle tentait de s’ouvrir à quelqu’un, elle se sentait étonnement rouillée. Ces vilaines gouttes d’eau de pluie n’arrangeaient rien, alors qu’elle restait plantée là, au bout du chemin. Et cette fichue branche, qui lui barrait la vue. C’était à peine s’il restait un espace pour observer par sa fenêtre.
Libre de contempler mais presque aussi enracinée que le vieux chêne d’à côté.
Un rayon de soleil venait caresser le métal froid qui l’enveloppe. Aussi doux qu’un timbre que l’on vient déposer délicatement dans un coin d’une lettre. Elle savourait cet instant, écoutant chanter une bergeronnette.
Broum. Broum. Voilà la petite voiturette. Elle passait à vive allure, toute de jaune vêtue, faisant voler les feuilles et fuir le chat, qui dormait là, en bas.
– “Ah, rien pour aujourd’hui ! Eh bien, nous attendrons demain !” pensa-t-elle.
Les oiseaux chantonnaient sous ce soleil de printemps naissant. Le vieux chêne craquait et le chat se repositionnait à son pied. Elle n’avait plus qu’à attendre encore, avec ses vieilles vis rouillées et sa porte, à la peinture un peu écaillée.
A travers les saisons, la vieille boîte aux lettres attend, patiemment.
Conter la vie d’une boîte aux lettres, quelle bonne idée ! d’autant que votre texte est un plaisir de lecture