Un cargo migrateur fait cap sur L’Italie.
La poupe salue la Flandre dans un battement de pavillon.
La rouille à fleur de coque, Erika prend le large.
Elle retrousse la manche à rebrousse vent.
Le cœur à plein régime, palpite sous la culasse.
Les pistons métronomes égosillent les marins.
L’Odyssée des hélices en orbite sur leurs axes.
Le sel tranché à vif par le bronze à quatre pales.
Dessine à l’écume blanche des sillons dilatés.
Erika la nippone, malmenée par les astres.
Impératrice d’acier arrachée au levant.
Telle une geisha usée dans un kimono brun,
Qui ne foulera plus jamais sa bruyère natale.
L’épiderme roussie par un sel corrosif.
Les entrailles rongées par l’huile de roche noire.
L’engrais raffiné d’une espèce qui ne l’est plus.
Erika fend les mers à la pointe de sa proue.
Enrôler par des sourds qui n’entendent plus l’orage.
Endoctriner par des fous tétanisés par la rage.
La rage des océans qui façonnent les falaises.
La colère des mers du sud qui enfantent les nuages.
Cochet ivre, avachis dans une cage dorée à l’orgueil.
Défiant les mers comme un enfant unique,
Le regard riveté à son cordon noué.
Les eaux tissées en bloc s’agrippent au vent de Suez.
Tandis que la houle rugit et vaporise l’abysse .
Le grognement barbare d’une rage océanique.
Des coups de saumure sur ses plaies.
Lacère sans répit les crevasses béantes.
Une vague scélérate se dresse à l’horizon.
l’ombre comme ultimatum jeté sur sa coquille.
La fracture s’ouvre et laisse s’étendre le poison.
Navire hémophile saigné par une tempête.
L’hémorragie est drapée dans une surface pacifique.
Assombrie le calcaire quand la marrée s’endeuille.
Les oiseaux mazoutés piégés dans cette nuit grasse.
Chorégraphie macabre d’un combat inégal.
La ballerine épuisée s’écroule sous le satin noir.
Abandonnant lses ailes bitumées sur le sable fossile.
Laissant leurs âmes se mélanger aux embruns primitifs.
Endormies dans le galbe d’un atome d’hydrogène
Ils migrent au gré des vents
Vers des plaines pastels,
Ou notre folie ne souffle plus.
A.S
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Chaque ligne pourrait presque faire un poème à elle seule !
J’ai particulièrement aimé : “Erika la nippone, malmenée par les astres. Impératrice d’acier arrachée au levant.” et “Les oiseaux mazoutés piégés dans cette nuit grasse. Chorégraphie macabre d’un combat inégal. La ballerine épuisée s’écroule sous le satin noir.”
C’est très puissant. Innovant et inspirant.
Merci de nous l’avoir partagé !
Merci Guillaume, je vais prendre le temps de vous contacter pour adhérer à l’association et participer aux ateliers en presentiel. merci bonne soirée
N’hésitez pas Aurélien. Nous serons heureux de vous accueillir !
Le rythme de ce poème nous mène à l’inéluctable: la marée endeuillée… et le sable fossile. C’est tristement beau.
Merci, j’ai cette image horrible des videos diffusées à cette période aux heures de grandes audience, ou nous pouvions profiter durant le repas de famille de videos en plan rapprochée de cet espéce de combat inégal que menais un oiseau marin contre la lourdeur et la toxicité du pétrole. Je trouvais sa d’une cruauté sans nom.
Bienvenue !!! votre texte est d’une puissance étourdissante, je dirais “virile”. Un grand bravo.
Merci mélanie, pour la virilié, c’est de l’ordre de l’inconscient, car generalement c’est pas la premiére chose que les percoivent chez moi! ça doit etre la virilité que je n’affiche pas dans le reel qui s’échape quand j’ecris !!!
Merci pour la force de ce très beau poème qui résonne avec les images d’une marée noire que j’ai vécu de très près.