Lenaig, lavandière trégoroise, appartenait à cette catégorie de femmes un peu de mythomanie frappées.
Pour échapper à son quotidien rural par trop restreint, elle partait fière – et pour ainsi dire hautaine – retrouver ses consœurs au lavoir d’en bas, son panier à linge sale sous le bras.
Mais à ces dernières, elle ne se mélangeait pas.
Refusant de se plier aux usages en vigueur, elle faisait fi de la coiffe pour dérouler au soleil – comme aux vents hardis annonciateurs de pluie – sa longue crinière auburn digne de celle d’une oréade.
Autour d’elle fusaient en jets moqueries, railleries et quolibets mais en fait, peu lui en importait.
Tout en œuvrant, paisiblement et pour elle-même elle chantait.
Le ruisselet fluant chuchotait comme un amant et dans son cœur délirant, elle se prenait à rêver de la capitale et de sa grande vie.
Demain pour elle ne pouvait pas signifier ici.
C’est ainsi qu’un beau jour, n’y tenant plus, elle prit le premier train pour Paris.
Ce qu’elle y vécût, jamais elle ne le dit, mais quand finalement elle revint au pays, ses cheveux étaient déjà tout gris et son beau sourire terni.
Elle avait rejoint le cercle des lavandières de la nuit.
Alors, nous avions presque le même , elles étaient parfois cinq et arrivaient à 10 h ,quand le soleil était agréable , elles riaient déjà du bruit que faisait la brouette de l’autre , Oh..! , elles ne lavaient pas grand-chose , leurs coups de battoirs étaient infiniment moins nombreux que leurs éclats de rires posés aux bout de leurs phrases .
Ma mère était la fille de l’une d’elles , nous habitions la maison du lavoir, à chaque fin des semaines et pendant toute les vacances qui puissent exister .
Saint Maudez , le hameau au creux d’une vallée entre deux villages . celle des prairies de fauche et des matins de brume .
Merci, Sklaera de m’y avoir replongé .
De vos commentaires vous pourriez faire de bien jolis textes @Philippelettres!
Oh, comme ils ne répondent pas à un défi , je préfère les déposer ici .
merci de les avoir appréciés .
Et un grand merci pour ce beau commentaire qui nous livre un peu de votre histoire.
@Fransoaz a raison, vous pourriez en faire un superbe texte, les textes libres sont autorisés sur l’Algomuse.
les textes libres sont autorisés, mais, il me semble plus trop pour moi, il m’a été suggéré de respecter les règles d’Algomuse en répondant aux Algodéfis, il est vrai que je ne m’en préoccupais pas trop .
Ah, pardon, je ne savais pas. En même temps, c’est vrai que les Algodéfis aident à l’inspiration.
Parfois , moi, c’est les mots que je lis ici, sur Algomuse, qui m’inspirent . Alors Algodéfis ou inspiration par les mots des autres …? les vôtres sont Trégoroises, les miennes sont Léonardes, mais c’est bien, la façon dont vous nous en parliez qui a provoquée ma réponse, vous en parlez si bien . Dommage qu’il n’ y est pas un lavoir près de cette chapelle en bordure de nos terres respectives .
Elle était rude la vie de ces lavandières… C’est un joli texte et une belle photo de cette région que vous décrivez si bien !
Très beau tableau. En Provence, des lavoirs sont encore fréquentés
Très jolie transformation de l’Algorare en une histoire bien troussée. L’exode des bretons me parle très intimement et je connais ces lavoirs (de la photo) en une ville des Côtes d’Armor où je me rends très régulièrement. Merci pour votre texte.
Oui, Angelune, c’est la seule photo que j’ai trouvé sur le site principal de téléchargement d’images libres de droit. Elle ne collait pas exactement à mon texte, mais bon, j’ai fait avec.
Sklaera, il faut aussi te lire entre les lignes,tu excelles dans la suggestion, le non-dit qui nous emporte si loin. Je me suis régalée de ces coups de battoirs.