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Lenaig, lavandière trégoroise, appartenait à cette catégorie de femmes un peu de mythomanie frappées.

Pour échapper à son quotidien rural par trop restreint, elle partait fière – et pour ainsi dire hautaine – retrouver ses consœurs au lavoir d’en bas, son panier à linge sale sous le bras.

Mais à ces dernières, elle ne se mélangeait pas.

Refusant de se plier aux usages en vigueur, elle faisait fi de la coiffe pour dérouler au soleil – comme aux vents hardis annonciateurs de pluie – sa longue crinière auburn digne de celle d’une oréade.

Autour d’elle fusaient en jets moqueries, railleries et quolibets mais en fait, peu lui en importait.

Tout en œuvrant, paisiblement et pour elle-même elle chantait.

Le ruisselet fluant chuchotait comme un amant et dans son cœur délirant, elle se prenait à rêver de la capitale et de sa grande vie.

Demain pour elle ne pouvait pas signifier ici.

C’est ainsi qu’un beau jour, n’y tenant plus, elle prit le premier train pour Paris.

Ce qu’elle y vécût, jamais elle ne le dit, mais quand finalement elle revint au pays, ses cheveux étaient déjà tout gris et son beau sourire terni.

Elle avait rejoint le cercle des lavandières de la nuit.

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