Fièvre de l’or
On la voit passer dans la rue principale de ce village bâti en hâte au temps de la fièvre qui s’empara des hommes. Minéral de toutes les chimères. Caillou séducteur jusqu’à la folie. Brillance trompeuse et délétère.
Vêtue de gris, gris comme la poussière, gris comme la misère. Le regard délavé par les désillusions, elle survit.
Il y a quelques années, elle a parcouru dans la fournaise du désert la vingtaine de kilomètres pour fuir le lieu maudit. Terre stérile et calcinée où, peu à peu, l’eau se raréfiait . Elle ne retournera plus dans cette cabane, bien cachée du monde, où il lui promettait les rêves les plus fous.
Leurs chemins se sont croisés. Deux compagnons de galère. Ils ne se sont plus quittés. Il partait orpailler dans la rivière. Quand elle le rejoignait, il délaissait son matériel pour pêcher ou jouer et leurs rires se mêlaient au murmure de l’eau.
Le jour où il trouva cette pépite qui lui remplit le creux de la main mit un terme à cette heureuse insouciance. Il fut pris de cette fièvre infernale et destructrice. Plus rien d’autre ne comptait. Lèpre de la pensée. Chercher sans relâche. Mouvements circulaires tout le jour. Dénicher la fortune dorée au fond de la bâtée. Obsession. Vain entêtement.
Cet homme si pacifique devint irritable, ombrageux. Colère du désespoir.
Elle veut oublier.