Aux vents légers du soir comme aux rayons des matins, la vallée solitaire nous offre ses parfums.

Le torrent nourricier s’est assagi et de ses flots élargis les saumons remontent l’irrésistible cours.

Des nœuds de mûriers et de rosiers sauvages furieux éperonnent une lande orangée ponctuée de tortueux pins endémiques.

Une nuée de pouillots véloces transforme un simple sorbier en une chorale stridulente et à chaque crépuscule, l’hermine en journée somnolente se remet à rôder.

 

Cette terre est de tourbe, gorgée d’eau noirâtre et bouillonnante.

 

Tout se tait, à l’écart extrême du vacarme des villes et de l’agitation des humains.

Les spectres du passé, vieillards et enfants expulsés, semblent se réveiller. Ils errent entre les ruines rases et moussues, dans un tumultueux murmure qu’il faut savoir écouter.

 

Surtout, ne jamais les oublier.

 

Soudain, le couchant nous éblouit d’or sous des lueurs plombées et, sur la crête des collines escarpées, les hautaines ramures des grands cerfs surplombent l’horizon dans un brame majestueux annonceur de combat meurtrier.

Oh, que je voudrais les revoir, ces régions lointaines, qui transforment chaque instant de vie en un divin poème.

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