Je vous vois, madame, l’œil brillant, la bouche légèrement entrouverte, vous m’admirez et vous avez raison. Je suis LA paire de Stilleto. Réalisée dans un cuir de veau pleine fleur, teinté en rouge ; mais attention, pas de ces rouges vulgaires qui transforment la plus belle paire de chaussures en objet de fantasmes quelque peu pervers. Je suis d’un rouge profond, marquant l’élégance avec ce je ne sais quoi de glamour et j’ose le dire d’érotisme.
J’ai été dessiné par le maître chausseur d’une des plus grandes maisons italiennes. J’ai une courbure parfaite malgré mes neuf centimètres, celle qui me portera ne souffrira ni des pieds, ni du dos. Je suis destinée à une femme sûre d’elle, de sa beauté, de son élégance, pas une jeune fille, ni une femme d’âge mûre, non une femme dans la force de son âge, dont la démarche féline se trouve magnifiée avec moi, tout comme sa tenue d’ailleurs. En tailleur noir un peu strict j’apporte une touche de fantaisie avec délicatesse, en robe longue noire ou bleue sombre je réveille la tenue, je dévoile une personnalité cachée faite d’impertinences surtout avec un Jean haute couture évidemment. J’ai du caractère malgré ma simplicité, tout est dans ma forme parfaite et ma couleur.
Peu après ma « mise au monde » car réalisation ne peut me convenir, en taille 38, j’ai été proposée à une jeune femme, qui horreur portait des bas nylon, je crois que si elle était devenue ma propriétaire je lui aurais délibérément fait mal au pied, vous savez au niveau du petit orteil, je suis faite pour les bas de soie, ou le pied nu aux ongles parfaits, délicatement hydraté par un baume parfumé et saupoudré à la houppette de talc parfumé. Je ne tolère pas le moindre aspect négligé, celle qui me porte se doit d’être parfaite, car je l’accompagnerais au casino à Monte-Carlo ou Venise, à l’opéra.
Je fus acheté par un marquis italien. Je me voyais déjà aux pieds d’une belle. Mais l’homme était fétichiste ! Je me suis retrouvée dans une vitrine, en compagnie de sœurs aussi distinguées que moi. J’ai été chouchoutée, cirée, polie au chiffon doux, pas une once de poussière sur moi. Il venait nous admirer régulièrement, s’assaillait dans un fauteuil, j’entendais des airs d’opéra durant les heures qu’il passait parmi nous, il nous regardait l’une après l’autre parfois nous caressait. Puis un jour il n’est plus venu. Des hommes sont venus nous emballer et nous mettre dans une autre vitrine, et depuis trois jours je vois défiler une foule de gens. Mais pardonnez-moi je dois vous laisser on m’appelle.
Lot 152, une paire de Stilleto, rouge, taille 38, design par Giancarlo….. Mise à prix 10 euros
Moi qui n’aime pas les chaussures à talons hauts, vous m’avez fait aimer cette paire …
Merci…. Comme vous pour les talons, le vertige me gagnek
J’adore l’arrogance de cette paire de chaussure. Et puis j’aime l’idée de cette vente aux enchères.
C’est léger une belle écriture.
Juste le visuel que j’attendais. @Ma Pie ferait-elle une belle chute (textuelle), certainement, physiquement je ne sais pas. Moi je me casse la figure avec les deux (écriture et chaussures)!
Superbe texte très raffiné, délicat et imagé… Et justement, un “visuel” (image libre de droit – sous Pixabay ou autre -) serait bien pour attirer l’œil du lecteur potentiel sur votre beau travail.
Écrits et images sont modifiables à souhait sous l’AlgoMuse, c’est ce qui est formidable.
En tous cas, merci et bravo!
J’aime beaucoup cette paire de chaussures! C’est ma pointure, je suis toute prête à renchérir!😊 Jolie chute ! Bravo!
merci, trop haut pour moi, je risque la chute
La belle chute, @Ma Pie, c’est à cause du texte ou des chaussures (j’ai cru reconnaître une pointe de votre humour que j’adore)?