Sous les cieux implacables, dans l’aridité des landes, le long des ruisseaux mis à genoux par la sécheresse, l’étincelle a jailli. La flamme a léché les molinies bleues, noirci les lichens, chassé le mulot, le serpent et l’oiseau. Le brasier s’est nourri de tourbières, de légendes et de prières. Le faisceau de cendres a assombri le ciel, redessiné les monts et les vallées, soufflé ses scories vers l’océan. L’incendie a balancé ses crocs ardents au-dessus de la chapelle, a réveillé l’âme des chaos rocheux, sucé l’empierrement du chemin. A Brasparts, le frisson de la peur ancestrale a coulé dans la sueur des dos droits et tendus. L’homme a préparé son bagage mais est resté, aimanté et figé dans le film de son chagrin qui déroulait ses bobines devant sa porte. Minuit a sonné, le ballet des pompiers s’est affolé : des odeurs de poudre et de cendres, les bruits furtifs et vains de l’eau qui crépite dans la fournaise.
Où que vague le cœur, il s’abîme dans la désolation des tas de brandons et des couches de cendres, de moignons noircis et d’hommes meurtris. Il pleure la peau roussie du lézard, le vol amputé de l’engoulevent et la carcasse immolée du hanneton ou du bousier. Il crie au ciel sa douleur errante, la brûlure irrigue encore ses vaisseaux incandescents.
Au loin, là-bas derrière le Tuchenn Kador, le ricanement de l’Ankou rebondit de vallées en plaines puis s’éteint dans les marais du Yeun Ellez.
En traversant ce texte ardent, j’ai été touchée par la compassion qui se dévoile, en parcourant la brûlure des Landes se propageant jusqu’au cœur des marais du Yeun Ellez.
Férocité grandiose !
Texte poignant et magnifique
Quel superbe texte et quelle terrible tragédie !
Sublime.
Merci pour vos commentaires. Un thème qui devient récurrent dans nos étés ardents.
simplement magnifique.
Merci ma Pie!
Que d’émotions et d’images. Superbe !
Merci @SO, le lieu aussi est (était/sera) superbe!
@Fransoaz, comment se fait-il que ce ne soit que ce soir que je tombe sur ce superbe texte qui me va – forcément – droit au cœur et réveille de douloureux événements de l’été écoulé? En tous cas, bravo et merci d’avoir parlé pour notre terre chérie.
Chérie et meurtrie, devrais-je ajouter…