Usé par tant de voyages, fatigué par tant de combats, épuisé par tant d’espoirs déçus, il se reposait.
Bientôt, il retrouverait le calme d’une vie simple. Mais il lui fallait d’abord affronter cet entre-deux, cette souffrance avant la mue, pour mieux se retrouver.
Aurait-il cette chance, cependant ? Pourrait-il muer ? L’ange noir dont il s’était amouraché n’allait-il pas tout tenter pour le précipiter dans l’abîme du désespoir et de la mort ?
Évidemment, qu’il le ferait ! Et justement, il échouerait. Et c’est bien là ce que cette histoire va vous conter : la victoire de la volonté de vivre sur la puissance maléfique des anges noirs !

Ces démons, apparus à la fin du dernier siècle – avec la Covid 96 –, avaient en effet réussi le tour de force de placer auprès du colonel Thibert – notre héros –, l’un de leurs meilleurs agents : le Déconstructor ! Il faut dire qu’ils n’avaient pas lésiné sur les moyens. Le Déconstructor n’était-il pas le clone parfait d’un être humain ? Celui qu’ils avaient assigné au colonel ressemblait à une bohémienne sauvage et sublime. Son regard noir envoûtait celui qui risquait de s’y perdre. Elle ignorait totalement la mission qui lui avait été confiée…

Depuis son arrivée, elle l’avait regardé évoluer. L’homme serait facile à dompter, elle pourrait en faire aisément une chose , sa chose. Mais pour cela elle devait attendre des ordres qui ne venaient pas. Pourquoi tardaient-ils tant, ces ordres ? Et comment, elle, qui ne pouvait éprouver la moindre émotion pouvait-elle ressentir cette impatience ? Comment pouvait-elle seulement s’interroger sur sa mission ?

Il y avait bien eu cet indice, deux jours plus tôt, lorsqu’elle avait croisé l’image de Thibert mêlée à la sienne dans le miroir de la salle de bains… Celle du colonel était floutée ; la sienne propre : parfaite et distincte !

Troublée, elle avait même tenté de l’interpeller : “Jean-Jacques, regarde, sais-tu ce que je vois dans cette glace ? Mais non, ne réponds pas. Dis-moi d’abord ce que tu y vois toi-même…”

Le colonel…

 

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