Jardin du Luxembourg
Terrain de mon enfance
De mes premiers amours
De mon itinérance
De mes premiers émois
De mes premiers chagrins
De mes premiers combats
Dans le Quartier Latin
Des souvenirs tenaces
S’inscrivent sur tes places
Tes boulevards, tes squares
Tes cafés, tes terrasses
Nos discours enflammés
Où l’on fait table rase
Du vieux monde ébranlé
Chancelant sur ses bases
Oh vos sales pavés
Nous les aurons foulés
De Bastille à Nation
En manifestations !
Où le mot Liberté
Et les premiers baisers
Fleurissent sur nos lèvres
Les premiers je t’aime
Mais où sont les chimères
L’insouciante jeunesse
La douceur et l’ivresse
La légèreté de l’être
A nos rêves d’absolu
Notre soif de beauté
Justice Egalité
Vous avez répondu
Par du béton armé
Couvert toutes nos rues
Sous les yeux goguenards
De Balzac de Rodin
Du haut du boulevard
Raspail à Saint Germain
Des Prés que reste t‘-il ?
De mon Quartier Latin ?
Vous avez volé
Son âme à ma cité
Chassé les étudiants
Des universités
Chassé les artisans
Rasé notre marché
Poster vos policiers
Et vos vigiles armés
Pour les cercles fermés
De la haute société
Leurs galeries prospères
Agences immobilières
Où sont le rémouleur
La cloche du verrier
Où sont les brocanteurs
L’appel des chiffonniers
Les batailles de marrons
Les ribambelles d’enfants
Les baraques à bonbons
Et nos mistrals gagnants ?
Où sont les baladins
Les clowns, les musiciens
Les poètes transis
Les amoureux ravis
De toute cette populace
Joyeuse mixité
Vous avez fait la chasse
A la diversité
Vous avez volé
Son âme à ma cité
Vidé son sang mêlé
Nettoyer mon quartier
Où jadis j’aimais tant
Aller me promener
Partir le nez au vent
Pousser la chansonnette
En joyeuses équipées
En patins à roulette
Nos grandes escapades
Au café La Palette
Autour d’une limonade
Pour y faire la fête
Noyer notre cafard
En innocents espoirs
Mais où sont les chimères
L’insouciante jeunesse
La douceur et l’ivresse
La légèreté de l’être
L’orgue de barbarie
Ne jouera plus ici
Pour les gens du quartier
Les matins de marché
Interdit le patin
Sur la place de l’église
Saint Sulpice, crétin
Le gardien verbalise
Au coin de ma ruelle
Plus de blanchisserie
Seulement un hôtel
De passe pour ministres
Mon quartier si latin
Tu as perdu ton charme
Tu n’es plus qu’une façade
Pour le passant qui passe
Jardin du Luxembourg
Joyau de ma cité
Les enfants des nantis
Jouent à l’orangerie
Sagement apprêtés
Avec leurs tabliers
Font des petits pâtés
Plus de batailles rangées !
Mais où sont les chimères
L’insouciante jeunesse
La douceur et l’ivresse
La légèreté de l’être
Voilà que par hasard
Face au Café des Arts
Je croise ton regard
Il n’est jamais trop tard
Tu dis, je fais semblant
Le cœur battant d’y croire
Ferme les yeux pour voir
Au fond de ma mémoire
L’adolescent espoir
Ressurgir, renaître
Au cœur de ma cité
La légèreté de l’être
La douceur et l’ivresse
D’un printemps parfumé
Révèle à ma vieillesse
Des rêves inachevés
Qui laisse oh mon jardin
Le désir nostalgique
D’aller Errer pensif
Sur tes pelouses mythiques
c’est du slam manque juste la musique
Souvenir, souvenir. Belle errance
Virtuose et très joliment et musicalement “imagé”. J’ai juste remarqué quelques petites “coquilles” (infinitifs au lieu de participes passés). Mais j’étais de tout cœur avec vous dans le Luxembourg d’autrefois.