Jean et Jean
Même jour, même heure, au cœur du Nord-Ouest et au fond du Sud-Est de notre beau Pays, naquirent deux bambins, de genre masculin, l’un qui brailla et l’autre pas. Tous les deux on les appela Jean, le premier à cause du Bon roi, le second en hommage à Giono. Ils étaient beaux comme le soleil et les parents, des deux côtés, convoquèrent à leur baptême les parrains et marraines et une fée -une seule car ils n’étaient pas riches.
Depuis le ciel, la déesse Héra, qui gère au mieux les plannings des génies de la Naissance, envoya la même fée aux deux cérémonies.
La fée, penchée sur chaque berceau, voyant les poupons si jolis, leur fit à chacun un don presque identique : au petit Jean de Normandie elle promit qu’il aurait dans ses mains et ses bras une force herculéenne, et à Jean de Provence que ses pieds et ses jambes le porteraient sur tous les monts de la région et partout où il voudrait. Ainsi fut-il tandis qu’ils grandissaient.
La fée, chaque année à date anniversaire, admirait leur progrès, tâtait les biceps de l’un et les mollets de l’autre en s’extasiant, et applaudissait à leurs exploits. Elle les encourageait et parlait de Jean à Jean et inversement. Le temps passait. La fée était jolie. Les grands bambins lui furent dévoués, chacun de son côté. Jean de Normandie, pour elle, pouvait porter plier tordre forger pendant que Jean de Provence marchait courait sautait grimpait dès qu’elle le souhaitait… Cadeaux, exploits, elle s’en amusa, ils furent épris. De ce jour chacun, de son côté de la rose des vents, suivit ses ébats d’un œil attentif et amoureux.
« Attention chère Fée, dès que je peux je vous attrape… », disait Jean. Et Jean prédisait « Chère Fée le normand vous attrape quand il peut, le provençal quand il veut ! »
A force de promesses et de tentatives, d’élan et d’ardeur, vint l’occasion pour le normand de se saisir des rênes d’un vent turbulent qui l’emporterait vers la fée. Au même instant le provençal posait le pied sur le plus haut rocher qui le hisserait jusqu’à elle. Ainsi, au milieu du Pays, ils se percutèrent et se répercutèrent en rires sonores et la fée, alertée, en fondit de plaisir…
La suite importe peu, nous est restée cette idée tenace que « quand on veut on peut ».
joli conte.
merci 🙂
jolie déclinaison du proverbe donné
merci:-)