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Pierre regarda son smartphone avec une infinie tristesse… décidément, il serait toujours en décalage complet avec ses potes, eux qui en ce moment même, à l’unisson avec le public du Stade de France, chantaient – hurlaient plutôt – une Marseillaise à dévisser les tympans. Les Bleus venaient d’offrir à tous les fans de rugby un spectacle de toute beauté et des sensations inégalées. Voilà une victoire qui avait du panache car l’équipe des rugbymen concluait en apothéose ce Tournoi des 6 Nations en réalisant un grand Chelem. C’était peu de dire qu’il n’était pas au diapason. Face à cette euphorie partagée par tout un peuple sportif, son sentiment de désarroi n’était que plus profond encore.  Sa vie sentimentale était une lose totale, son histoire avec Béa trouvait son point final aujourd’hui, voilà la seule réalité qui comptait. Les yeux rivés sur son dernier message, reçu à l’instant et concluant une relation qu’il croyait promise à un avenir, Pierre n’entendait presque plus les cris de joie des milliers de supporters. Au milieu des gradins, son impassibilité tranchait avec la liesse populaire, et de fait il aurait bien aimé disparaitre de ce lieu de bonheur intense et rentrer sous terre, se coucher et oublier…
« Pierre, Pierre, tu m’entends ? Tu viens, on continue la fête chez Yannick, il a tout prévu, bouffe, bière ! On ne va pas se quitter comme ça… T’en fais une tête, ça va pas ? »
« J’viens pas, j’rentre chez moi maintenant rue des Francs-Bourgeois, j’vous retrouve lundi, salut ! »
Coupant court à toute discussion, évitant surtout toute demande d’explication, Pierre chercha le meilleur moyen de quitter rapidement le stade et dévala les escaliers le cœur serré dans un étau, sans un regard pour le magnifique feu d’artifice qui embrasait les lieux. Il eut un sourire amer en pensant au refrain que son grand-père aimait à répéter quand on lui rapportait les déboires sentimentaux des gens de son pays : « Bon estomac et mauvais cœur, c’est le secret pour vivre longtemps ! ».  Voilà une devise qu’il aurait du mal à faire sienne aujourd’hui.

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