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Cela faisait dix ans, dix ans qu’elle n’avait pas fait de sapin de Noël, à quoi cela aurait servi ?

Il n’y avait plus d’enfant, ni de petits-enfants, parce qu’un soir un chauffard en avait décidé autrement. Alors pourquoi faire un sapin ? Pourquoi décorer sa maison ? Il n’y avait plus rien qui pouvait la rattacher à cette période de décembre. Seuls ces deux chats la maintenaient en vie, elle se sentait une obligation morale. Elle les avait récupérés après l’accident. Lorsque ses voisines lui disaient «  vous n’avez pas encore fait votre sapin », Louise répondait «  avec les chats vous savez c’est un peu folklorique ».

Elle descendit à la cave, cette année, pour une histoire de canalisation. La caisse était toujours là, marquée Noël. Dedans un sapin enfin une spirale de métal blanc avec de petits creux pour placer les boules, des boules justement il y en avait de toutes les couleurs, comme les guirlandes. Le gardien de l’immeuble regarda Louise et lui dit, «  ne vous inquiétez pas, je vous monte votre caisse » Louise n’avait pas osé dire non. La caisse et son contenu lui faisait mal, mais ça elle le gardait pour elle.

Une heure plus tard, le gardien lui montait la caisse, et la déposait dans le salon. Elle lui dit merci, il ne fallait pas. L’homme la regarda, il lui sembla qu’aux coins des yeux de Louise des larmes perlaient.

Et puis, elle s’y était mise, sans savoir pourquoi, enroulant les guirlandes, posant les boules, ajustant les guirlandes électriques. Elle l’avait finalement posé sur le buffet, c’était peut-être là où il risquait le moins, et puis elle le verrait, il n’était pas grand. Dessous elle mit une photo, une photo du temps heureux où ils étaient là pour décorer le sapin, où elle riait encore. Puis Louise pleura, elle passa la nuit à pleurer. Au matin elle regarda son sapin, tout artificiel qu’il était, il avait fait jaillir sa peine. Cette peine qui l’étouffait depuis tant d’années.

Quelques jours plus tard, le gardien sonna.

  • Madame Louise, cette année pour Noël, nous sommes seuls ma femme et moi, voulez-vous venir avec nous? Vous savez ce sera simple, juste un petit repas pour marquer le coup.
  • Pourquoi pas, mais je ne voudrais pas déranger
  • Mais non. Vous savez avant Noël c’est une fois chez nous, une fois chez les beaux-parents tous ensemble, maintenant les enfants partent au ski ou faire un voyage, alors !

Cette année, Louise garda son sapin, jusqu’en janvier, parce que pour les Rois elle recevait.

Un simple sapin, une armature en forme de sapin avait allégé sa peine et changé sa vie, juste un peu. Mais juste assez pour lui redonner le goût des choses simples, le goût des autres. Juste un peu !

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