la bouée et la fillette

Je sais, le monde entier en a parlé, toutes les unes des journaux n’ont évoqué que ce naufrage.

Le personnel du bateau n’était pas formé, les canots de sauvetage pas vraiment remplis et moi je pouvais servir à quoi étant donné le nombre importants de passagers, plus de 1500 personnes !

J’avais bien des amies, qui avaient la même utilité que moi, nous en avons discuté, il fallait trancher.

Alors j’ai choisi, une petite fille, je l’avais remarquée, environ cinq ans, blondinette aux yeux noisettes, elle venait souvent s’appuyer contre le bastingage, à ma portée. Je l’entendais rire, chanter, elle avait toute la vie devant elle.

Le choc m’avait détachée, il ne me restait plus qu’à m’approcher doucement de sa maman, au fur et à mesure que le bâtiment piquait du nez.

Sa maman m’a vue, elle était paniquée, effrayée, elle cherchait une issue, une idée et, c’est moi, la bouée de sauvetage qu’elle empoigna.

Elle m’a mis autour de son enfant, tout en la rassurant, en lui disant qu’il valait mieux partir avec cette bouée que rester sur le navire qui sombrait. Elle la rejoindrait dès que possible, qu’elle ne devait pas s’inquiéter.

J’étais trop grande pour elle, j’ai inspiré, expiré, jusqu’à diminuer ma circonférence et l’enserrer le plus possible. Sans réfléchir sa mère nous a jetées à l’eau, elle était si froide. La petite fille pleurait maintenant, je me mis dans le sens des vagues pour m’approcher d’un canot. Et là le miracle eu lieu, on nous vit et on fit monter la fillette sur la petite embarcation. J’étais tellement fière de moi, si heureuse d’avoir fait mon travail au milieu de ce chaos indescriptible.

Je suis restée avec la petite fille tout le temps, j’ai pu assister à son sauvetage jusqu’au bout et depuis je dors dans sa chambre, à côté d’elle et elle me narre les histoires que lui racontait sa maman. Je suis devenue un « doudou ».

Parfois en repensant à cette sinistre histoire, j’ai un peu honte de porter pour toujours le nom de ce bateau « Titanic ».