Chapitre 32- Sidonie soigne sa sortie
Il lui reste une petite centaine de mètres avant de rejoindre le comité d’accueil qui l’attend sur le perron de la propriété. Sidonie chausse donc ses lunettes de soleil, et ses stilettos.
– Maman, tu ne vas pas porter tes talons pour marcher dans l’allée! On va encore finir aux urgences! Et puis, ce n’est ni un départ en vacances, ni le festival de Cannes!
– C’est vrai ça, il faudrait qu’on y songe…
– Quoi donc?
– À trouver un tapis rouge et pourquoi pas à organiser un festival!
Et puis, ne t’inquiète pas, ajoute t’elle en brandissant d’un grand sac fourre-tout débordant d’affaires, sa vieilles paire de crocs: j’ai tout prévu!
Tandis que la petite femme pétillante avance le pas vif et presque sautillant dans le chemin gravillonné qui mène à la pension des Mimosas, sa fille toujours éberluée de tant de vivacité tente de tenir la cadence.
Derrière les deux femmes, le commissariat du quinzième au grand complet tire tant bien que mal les valises à roulettes de la star du jour.
Sybille secoue la tête.
– En attendant, je ne vois pas pourquoi tu as besoin de tant d’affaires! Tu entres aux Mimosas, tu ne pars pas non plus au bout du monde!
– Vois cela plutôt comme un tournant dans ma carrière professionnelle!
– Mais quelle carrière, tu as 76 ans demain! Tu ne vas pas débuter un métier à ton âge!
-Je te rappelle que monsieur Karma me loge gracieusement en échange de mes services d’organisatrice événementielle . Je viens avec mes effets personnels pour lui éviter de devoir me payer des frais de représentation.
– Tu m’étonnes maman… Tu es un événement à toi toute seule, rit Sybille.
Appelle cela comme tu veux, mais ce que je constate, c’est que tu rentres à l’epadh et que cette fois, cela n’est pas de mon fait.
– Non, je n’entre pas à l’epadh! Ça, c’était avant…
A présent, la maison des Mimosas est un lieu où l’on sort!
Il est donc important que je soigne ma sortie !
D’ailleurs toi-même même, tu y sors tous les week-end avec Tournesol!
A ce propos, je compte sur toi pour prendre bien soin de mon Victor! Si tu ne t’en occupes pas correctement , je le reprends à mon service! Cet homme là doit à tout prix rester dans la famille!
Devant la grande entrée, Victor, Eugène, monsieur Karma et quelques amis accueillent la nouvelle recrue.
Sidonie pénètre dans l’établissement comme une star dans un palace. Dans le hall, Suzanne est en grande conversation avec Émilie l’aide soignante. Quelques résidents ont attendu Sidonie pour lui faire bon accueil.
Victoire venue pour l’occasion, lui demande de prendre la pause.
Ici personne n’emménage sans que Victoire ne « croque ses petons ». Ni une ni deux, les stilettos Swarovski de Sidonie seront bientôt exposés dans le couloir au côté de tout un tas d’esquisses de pieds bottés ou de chaussons signés comme autant d’empreintes de pieds sur Hollywood boulevard.
Sur la vitre de la porte principale , la critique guillerette de monsieur Desmond annonce le menu:
ce jeudi:
Médaillon de veau et sa farandole printanière
Eclair de génie au chocolat nourri
« L’ensemble a le goût du bonheur si l’on en juge l’odeur ».
Tournesol a le coeur serré en voyant son amie prendre ses quartiers dans un lieu qu’elle rejetait encore il y a quelques mois. Mais reprendre ses recherches au CNRS, en sachant que Sidonie s’apprête à partager son quotidien dans le même établissement qu’Eugène le remplit de joie.
Ces deux là n’allaient assurément pas s’ennuyer.
Sybille est un peu fébrile. Elle regarde sa mère filer vers ses «appartements » suivie de sa garde policière, comme une maman regarderait sa fille partir en cours de récré.
Victor l’étreint et chuchote ces quelques mots:
– Tout va bien se passer.
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Le stagiaire du commissariat :
– Dites, madame la commissaire, Je peux raconter la fin?
-Vas-y, rigolent Victor et Sybille.
« Le commissaire Sybille Panier et le professeur Victor Tournesol sont heureux de vous annoncer leur adoption commune d’un chihuahua nommé Fission.
Cette race de chien vit très très longtemps comme la promesse qu’ils se feront sous peu. Vous devinez où….sous le grand frêne de Moulinsart! »
– Mais non…pas sous le grand frêne, sous le BAOBAB QUI S’IGNORE !
( …toujours pour cela qu’il n’est encore que stagiaire! )
Et comme toute bonne histoire a une fin.
– Ficus! Viens le chien!
Apporte le mot:
Fin
Pour retrouver l’histoire complète de « la fleur de l’âge »😉: https://algomuse.fr/la-fleur-de-lage-chap1-ma-pie/
Réjouissante fin de ce feuilleton que vous avez mené avec assiduité et dextérité. Une histoire au long cours n’est pas facile à tenir en rythme et en intrigue, celle-ci m’a tenu en haleine et j’ai été ravie de découvrir votre galerie de personnages, les chiens y compris bien sûr. Merci pour cette lecture.
Merci Angelune pour votre lecture assidue. J’ai apprécié de vivre avec mes personnages quelques temps.
Je viens de parcourir le texte en entier. Impressionnant ! Certains épisodes m’avaient paru plus “plats”, mais intégrés dans la totalité, ils ont toute leur place. Bravo
Je suis sûre que vos personnages vous manquent déjà …
Merci Mélanie, oui je l’aimais bien moi cette petite dame🙂.. je suis d’accord pour les épisodes plus plats…
La tempête que j’attendais, pour lire votre nouvelle n’est pas venue, mais il en est une autre qui s’est levée, plus intérieure et plus intime. En fait j’ai adoré , les inattendus qu’elle porte .
« ce grand frêne aux palabres,en fait, un Baobab qui s’ignore » et par dessus tout votre extrême délicatesse quand vous abordez le départ de « Violette » .
Merci, Ma pie, pour les multiples nuances de vos mots et pour la sensibilité dont vous les avez habillé.
Merci surtout à vous pour votre lecture et vos encouragements !