Chapitre 7 ( partie 1) – La semaine des quatre jeudis
Arrivés au commissariat, Sidonie et Victor se dirigent vers l’accueil d’un pas bringuebalant étonnement équilibré par leurs canes respectives .
– Bonjour madame Panier, quelle surprise!
A entendre le timbre de voix enjoué du jeune brigadier, la visite de Sidonie était habituelle et presque espérée. Les fonctionnaires qui auraient dû s’affairer à leur bureau, avaient déserté en deux secondes la paperasse pour rejoindre le comptoir et saluer « leur visiteuse du jeudi ».
Le jeudi matin, jour de marché, était compliqué à gérer au commissariat du quinzième. Le problème venait du fait que les policiers refusaient de partir en patrouille de peur de rater un épisode de la « série Panier ».
Alarmée par la voix de sa mère, sybille sort de son bureau.
– Maman! Je croyais avoir été suffisamment claire la dernière fois! Nous avons mieux à faire que de traiter tes pseudo-doléances!
Sidonie se tourne vers Victor:
– Ne lui prête pas attention Victor. La commissaire Panier est persuadée que j’ai découvert « le dépôt de main courante » en regardant capitaine Marleau, mais franchement, je suis bien sûre que c’est une procédure qui date au moins de l’inspecteur Derrick. Mais ça…
Sybille exaspérée:
– Que tu déposes plainte une fois pour avertir que les chats errants sont empoisonnés, soit…
Mais la femme du charcutier, le curé, le voisinage et toutes tes histoires du jeudi…ça suffit!
– Déjà ce n’était pas « la femme du charcutier ». Relis tes comptes rendus ma fille!
– Elle a raison, chef, le charcutier c’est « l’affaire du chien »!
Le brigadier qui avait certainement tapé la déclaration se met alors à conter l’histoire de la main courante du premier jeudi:
– Le voisin du bout de la rue de mme Sidonie avait pour habitude récente mais très récurrente de passer devant chez elle, un sac à gravats sur l’épaule. Il réitérait plusieurs fois par jour en remontant jusqu’au parc boisé. Puis Il redescendait toujours les bras ballants, ce même sac vide à la main avec l’air satisfait d’un travail effectué . Madame Sidonie a donc fini par lui demander ce qu’il transportait, et c’est le plus naturellement du monde qu’il lui a répondu « ma femme ».
Si si je vous assure, il lui a répondu qu’il transportait sa femme dans les sacs! Avouez qu’il y a de quoi… Du coup…madame Sidonie, forcément, elle s’est inquiétée.
Elle a fini par l’imaginer transportant par petit bout chaque jour, une partie de la pauvre femme, d’autant qu’elle ne l’avait plus vue depuis longtemps et qu’on entend de ces choses à la télé…
– Sans compter que si l’on ne veut pas éveiller de soupçon… à coup sûr , la vérité sonne plus juste que le meilleur des mensonges! Ajouta le stagiaire, fier de son à propos.
Et Victor interloqué posa la question :
– Et vous l’avez convoqué?
– Bien sûr. Le jour même. Car sa femme ne répondait pas aux différents appels.
En réalité, elle avait quitté son mari sur un coup de tête, un mois auparavant, pour aller vivre avec l’installateur du poêle de ses parents. Le brave mari blessé a donc décidé de s’occuper des ses beaux parents. Il s’est mis à leur porter des sacs de pelés stockés chez lui, chaque jour, pour veiller à leur confort quotidien. Voilà comment passer du pseudo tueur – dépeceur au gendre parfait!
Victor se tournant vers Sidonie :
– Oserais-je dire que c’est un gendre «au poêle» !
( voir suite partie2)