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La guérisseuse

Il était une fois, il y a environ trois cents ans, dans notre petit village de Vathipy, vivait une femme, entre deux âges, un peu gironde, qu’on appelait la guérisseuse. Dans sa petite bâtisse à l’écart du village, elle préparait des potions avec les plante, écorces, champignons et bestioles qu’elle ramenait de la campagne environnante. A la sortie de la messe du dimanche, les paroissiens pouvaient la solliciter, lorsqu’elle était là, pour un rendez-vous. Elle était très estimée du curé, (bien qu’elle ne fréquentait pas souvent son église), du bedeau et des habitants, car elle savait guérir tous les maux.
Un dimanche, en plein office, Gasparus, le bedeau, qui officiait depuis vingt ans, eut un malaise. C’était un vieil homme très dévoué, aimé de tous, mais d’une laideur repoussante. Le maréchal-ferrant attela son cheval pour emmener la guérisseuse et le bedeau.
Après deux jours de soins, Gasparus n’était toujours pas rentré. Le curé Jean commençait à s’inquiéter. Le dimanche suivant, la guérisseuse arriva seule à l’office. Point de bedeau ! On questionna la femme qui, avec un air sombre et mystérieux, eut pour seule réponse : «il est parti».
Les langues se délièrent sur le parvis. On commença à chuchoter que la guérisseuse n’aimait pas du tout le bedeau et que, même, cette vieille sorcière aurait pu … on savait bien que … enfin vous comprenez …
Le curé Jean, usé par les ans, dut assumer seul toutes les taches durant une année entière. Il désespérait de remplacer son bedeau quand un jour, il vit arriver un grand gaillard, fort comme un bélier qui avait, disait-il, de l’expérience. Très vite ils conclurent un accord.
Celgemlas, car c’était le nom du nouveau bedeau, donna un nouveau souffle et un dynamisme à toutes les cérémonies et notamment ce jour d’inauguration de la cloche toute neuve en airain offerte par un généreux donateur anonyme. Sa voix de baryton entonnait avec fougue les chants religieux et réjouissait les bigotes.
Le curé Jean avait bien remarqué que le vin de messe baissait plus vite que de coutume mais il laissa faire, tant il avait besoin d’aide en pensant « après tout, nous ne sommes que des pécheurs ! ».
Quant à la guérisseuse, elle se prit soudain d’une ferveur telle qu’on la vit même à l’office du matin. Elle arrivait, les bras chargés de fleurs, aidait le bedeau dans ses préparatifs, demandait des audience au curé Jean pour fréquenter la cure. Elle n’avait plus beaucoup de temps pour préparer sa médecine.
Et Celgernlas commençait à expédier son travail en prétextant quelque mal mystérieux qu’il aurait contracté lors d’un voyage aux îles.
Un beau jour, la guérisseuse et le bedeau disparurent.
Il ne faut jamais faire entrer le loup dans la bergerie.

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