C’était un jour de printemps où les arbres recouvraient leurs feuilles petit à petit et je marchais tranquillement, sûrement sur la petite route de campagne qui surplombait mon village. Au loin, si je tendais l’oreille, je pouvais entendre les habitants bavarder gaiement. Moi, je me sentais très bien seule.
Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu ce petit (ou gros) caillou qui semblait perdu en plein milieu de la chaussée. Je trébuchai et réussis à rester debout tout en battant des bras comme un volatile. Je regardais autour de moi, espérant de tout cœur que personne ne m’ait vu.
Mais malheureusement une petite fille m’observait de loin. Je baissai la tête et pressai le pas. Je sentais malgré tout son regard pesant sur ma nuque. Elle me fixait. Et là, elle m’appela :
“Madame !”
Je tournai la tête. Ses beaux yeux bleus étaient rivés sur moi. Elle continua :
“Y a un autre caillou devant vous. Ca serait bête de trébucher une nouvelle fois.”
Elle rit d’un rire cristallin. Pas moqueur mais juste amusé. Je ne pus me retenir de sourire. Je la remerciai et lui demandai :
“Comment t’appelles-tu ?
– Myosostis.
– Myo… c’est vrai ?
– Oui. C’est moi qui l’ai choisi toute seule ! C’est une fleur qui a la même couleur que mes yeux.”
J’allais lui répondre que c’était très beau quand je réalisais ce qu’elle venait de dire.
“Attends… Comment ça toute seule ?”
Elle sembla hésiter. Puis elle se mit à courir. Je lui criais “Attend !” et la poursuivis.
J’entrai dans le village mais elle avait disparu. Mon cœur se serra. Je sentais que cette fillette avait quelque chose de spécial. Je devais la retrouver. Je demandai aux passants s’ils avaient vu une petite fille blonde aux yeux myosotis. Ils me regardaient bizarrement et me disait que non.
Alors je sortis du village et longea la route. Et enfin, au loin, je la vis. Elle était assise, les yeux fermés dans un champ de myosotis.
Je reprends l’Algomuse après une absence de trois semaines durant lesquelles j’étais (techniquement) privée d’internet.
J’aime beaucoup la fraîcheur de ce texte, cette rencontre.
Une sorte de petit prince au féminin, je ne sais pas.
Comme je travaille avec de tout jeunes enfants, je suis peut-être d’autant plus sensible à leur empathie instinctive.
En tous cas, merci pour cette belle lecture.